TERREUR A L’HÔPITAL CENTRAL (1982)

Michael Ironside campe un tueur psychopathe effrayant dans ce très efficace slasher canadien

VISITING HOURS

1982 – CANADA

Réalisé par Jean-Claude Lord

Avec Michael Ironside, Lee Grant, Linda Purl, William Shatner, Lenore Zann, Harvey Atkin, Helen Hughes

THEMA TUEURS

En 1981, Michael Ironside avait été l’une des révélations du Scanners de David Cronenberg, où il incarnait un être doué de pouvoirs télépathiques dirigeant une véritable escouade de terroristes parapsychologiques. Un an plus tard, les mêmes producteurs (Claude Héroux et Pierre David) profitèrent de son potentiel pour lui faire incarner Colt Hawker, un tueur fou, sadique et profondément misogyne, dans Terreur à l’Hôpital Central de Jean-Claude Lord. Tout au long d’un scénario sur le fil du rasoir, l’effrayant Hawker traque Deborah Ballin (Lee Grant), une journaliste qui représente tout ce qu’il déteste, en une croisade sanglante particulièrement perturbante. Après une première séquence éprouvante où la malheureuse est agressée chez elle, l’intrigue se déplace dans l’hôpital où elle est admise. Hawker se fait alors passer pour un fleuriste afin de pénétrer dans l’enceinte de l’établissement et reprend une mission que rien ni personne ne semble pouvoir stopper. Malgré elle, l’infirmière Sheila Munroe (Linda Purl) entre à son tour dans la ligne de mire du tueur. Bientôt, la mort frappe à tous les étages, comme l’illustre de manière superbement métaphorique l’un des posters du film sur lequel les fenêtres du bâtiment dessinent un crâne grimaçant.

Toute la première partie du film joue sur la déshumanisation d’Hawker. Son visage nous est caché par une multitude d’astuces de mise en scène (très gros plans, cadres larges, plongées et contre-plongées, reports de point, éclairages contrastés) et ce n’est qu’une ombre anonyme qui frappe impitoyablement. Terrifiant lorsqu’il regarde tranquillement ses victimes rendre leur dernier souffle tout en les photographiant comme un émule du Voyeur de Michael Powell, implacable lorsqu’il décide envers et contre tous de marcher droit vers ses victimes comme un ancêtre du Terminator, Michael Ironside trouve ici l’un des rôles les plus marquants d’une carrière pourtant à peine entamée.

Un monstre désespérément humain

Les exactions de ce tueur psychopathe dans les couloirs d’un hôpital évoquent Halloween 2, si ce n’est qu’ici l’assassin ne porte aucun masque et finit par trahir une nature banalement humaine. Car lorsque Jean-Claude Lord décide enfin de montrer Colt Hawker frontalement, il lève également le voile sur son intimité. Peu à peu, nous découvrons son cadre professionnel, son voisinage, ses hobbies, son père, et les racines du traumatisme qui le firent définitivement basculer. Le scénario de Brian Taggert s’efforce d’ailleurs de briser régulièrement la routine du slasher pour révéler les failles de ses protagonistes : la vanité de la journaliste qui vérifie immédiatement l’état de son visage après son agression, l’infirmière bien sous tous rapports qui révèle une vie personnelle plus complexe qu’il n’y paraît… Quant à la mise en scène remarquable de Jean-Claude Lord, elle se hisse par moment au niveau des plus grands praticiens du suspense, Brian de Palma, John Carpenter et Alfred Hitchcock en tête. En cette période surchargée en slashers et en serial killers, Terreur à l’Hôpital Central se hisse donc largement au-dessus de la masse de ses contemporains et demeure l’une des plus grandes réussites du genre.

 

© Gilles Penso

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