THOR : LE MONDE DES TENEBRES (2013)

Les nombreuses maladresses de cette seconde aventure solo du fils d'Odin nous feraient presque réévaluer à la hausse l'opus réalisé par Kenneth Branagh

THOR, THE DARK WORLD

2013 – USA

Réalisé par Alan Taylor

Avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Tom Hiddelston, Anthony Hopkins, Rene Russo, Ray Stevenson, Idris Elba

THEMA SUPER-HEROS I SAGA THOR I AVENGERS I MARVEL

Thor ne nous avait qu’à moitié convaincus lors de sa première incursion sur grand écran sous l’égide de Kenneth Branagh, et il fallut attendre sa réunion avec l’équipe des Avengers pour que le super-héros nordique s’exprime enfin avec le panache dû à sa divine personne. Un second long-métrage consacré à ses exploits semblait donc pouvoir rajuster le tir. Pour inscrire le fils d’Odin dans la continuité d’Avengers, la mise en scène est confiée à Alan Taylor (transfuge de la série Game of Throne), avec en filigrane une volonté manifeste de baigner ce nouvel opus dans une atmosphère d’heroïc-fantasy plus affirmée. Ces belles intentions ne font hélas pas longtemps illusion à l’écran. Thor, le Monde des Ténèbres accumule en effet les fautes de goût avec une constance qui laisse perplexe, s’efforçant de masquer sa vacuité sous un déluge pyrotechnico-numérique d’une grande laideur.

Les faiblesses du film sautent aux yeux dès ses premières minutes. Alors qu’une voix off sentencieuse nous raconte la lutte séculaire entre le royaume d’Asgard et les elfes noirs menés par le redoutable Malekith, le spectateur assiste à une bataille gorgée de morceaux de bravoure techniques et chorégraphiques mais n’en apprécie qu’un dixième dans la mesure où ni la narration ni la mise en scène ne parviennent à mettre en valeur la dimension épique de la séquence et surtout les enjeux qui la sous-tendent. Or chacun sait que sans dramaturgie, les effets spéciaux et les cascades les plus spectaculaires ne sont que de jolies parures cosmétiques. Le film entier est à l’avenant, traitant par-dessus la jambe de nombreuses données scénaristiques éparses (la contamination de Jane Foster par une force maléfique convoitée par le vilain de service, l’obligation pour Thor de pactiser avec son frère ennemi Loki pour sauvegarder le royaume d’Asgard, la nécessité impérieuse de préserver l’équilibre des neuf royaumes, les relations complexes et conflictuelles unissant Odin avec son épouse et ses fils) sans parvenir à les lier avec cohérence.

Une dramaturgie déficiente

Partisan de l’ellipse paresseuse, Alan Taylor sautille donc d’une scène à l’autre sans laisser au spectateur la moindre possibilité d’implication, et rate même la plupart de ses scènes d’action en optant pour des choix de montage hasardeux (au moment de l’impact imminent entre deux belligérants gonflés à bloc, la caméra filme l’échauffourée de loin et de dos, allez comprendre !). Que reste-t-il à sauver de ce second Thor ? Une belle direction artistique rétro-futuriste, (quelque part à mi-chemin entre Le Seigneur des Anneaux, La Menace fantôme et John Carter), quelques traits d’humour s’appuyant la plupart du temps sur des anachronismes dignes de Star Trek 4: Retour sur Terre (Thor qui accroche son marteau sur le portemanteau d’un appartement londonien ou qui emprunte placidement le métro sous le regard médusé des passagers) et le charisme ravageur de Tom Hiddleston dans la peau d’un Loki plus ambigu qu’à l’accoutumée. Un peu léger tout de même…

 

© Gilles Penso

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