VENDREDI 13 (2009)

L'inévitable remake du slasher de Sean Cunningham est signé par un Marcus Nispel qu'on a connu plus inspiré

FRIDAY THE 13TH

2009 – USA

Réalisé par Marcus Nispel

Avec Jared Padalecki, Danielle Panabaker, Amanda Righetti, Travis Van Winkle, Aaron Yoo, Derek Mears, Jonathan Sadowski

THEMA TUEURS I SAGA VENDREDI 13

La version 2003 de Massacre à la tronçonneuse étant généralement considérée comme l’un des meilleurs remakes récents du cinéma d’horreur, il était logique que la compagnie Platinum Dunes remette le réalisateur Marcus Nispel en selle afin de ressusciter cette fois la franchise Vendredi 13. Le défi s’avérait cependant moins difficile, car si le classique de Tobe Hooper était réputé intouchable, il n’en était pas vraiment de même pour les aventures de Jason Voorhees, aucun épisode de la saga initiée par Sean S. Cunningham n’ayant vraiment transcendé les codes du genre. Etant donné que Jason en personne n’apparaissait pour la première fois que dans le second film de la série, Le Tueur du vendredi, les scénaristes Damian Shannon et Mark Swift puisèrent la plupart de leurs idées dans cet épisode-là, du très long pré-générique jusqu’au final en passant par un certain nombre de rebondissements (le tueur arbore même son sac en toile lors de ses premiers méfaits avant d’opter pour le célèbre masque de hockey).

L’idée n’est pas mauvaise en soi, si ce n’est que Shannon et Swift co-signèrent par le passé un Freddy contre Jason pas franchement concluant. Et comme on pouvait le craindre, les duettistes peinent à renouveler le mythe, se contentant la plupart du temps de respecter la routine dictée par la franchise. Les protagonistes sont donc jeunes, stupides et bardés de lieux communs, des bimbos écervelées et naturistes aux faire-valoir ethniques (l’asiatique blagueur, le noir mélomane) en passant par le beau brun ténébreux et la fille un peu plus futée que la moyenne (Danielle Panabaker, dont on a pu apprécier le charisme précoce dans la série Shark et le thriller Mister Brooks). Conscients de cet état de fait, les scénaristes placent dans la bouche de leurs héros des dialogues au second degré (« nous accumulons tous les clichés » avoue l’un d’entre eux), sans pour autant chercher à dépasser les stéréotypes d’usage. Tout ce beau monde se retrouve dans un luxueux chalet de campagne afin de festoyer non loin du camp abandonné de Crystal Lake d’où émanent d’inquiétantes rumeurs. C’est là que semble avoir disparu une jeune fille de la région, six semaines plus tôt, déclenchant les recherches inlassables de son frère opiniâtre. Bientôt, il devient clair que le fameux Jason de la légende existe bel et bien et apprécie fort peu l’invasion de son territoire…

Le cinéaste s'efface derrière son sujet

Les réserves ci-dessus mises à part, il faut reconnaître que le Jason de 2009 est franchement impressionnant, occupant l’écran avec une présence iconique du plus bel effet, et que ses meurtres rivalisent de brutalité et d’inventivité. En ce sens, ce nouveau Vendredi 13 s’inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs, dont il emprunte à la fois le schéma narratif et les effets de mise en scène. On s’étonne d’ailleurs que Marcus Nispel, dont le sens artistique et les idées visuelles explosaient dans le très sous-estimé Pathfinder, s’efface à ce point derrière le sujet, calquant sa mise en scène sur celle d’un Steve Miner ou d’un Joseph Zito. Seul le climax lui permet de reprendre vraiment du poil de la bête, le destin des survivants nous touchant pour de bon et les effets de suspense fonctionnant enfin à plein régime… Un peu tard, hélas.

© Gilles Penso

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