LA SENTINELLE DES MAUDITS (1977)

Une histoire de fantômes insolite avec un John Carradine effrayant et d'impressionnants maquillages de Dick Smith

THE SENTINEL

1977 – USA

Réalisé par Michael Winner 

Avec Cristina Raines, Chris Sarandon, Martin Balsam, John Carradine, José Ferrer, Ava Gardner, Burgess Meredith

THEMA FANTÔMES

Film de fantômes relativement atypique, La Sentinelle des Maudits adapte un roman que Jeffrey Konvitz publia en 1975. Interprétée par une Cristina Raines pleine de charme, qui jouait la même année dans Les Duellistes de Ridley Scott, l’héroïne de ce récit tourmenté est le mannequin Alison Parker. Elle enchaîne avec succès les séances photo (avec Jeff Goldblum dans le tout petit rôle du photographe), est fiancée avec un jeune avocat brillant (Chris Sarandon) et vient d’emménager dans un bel appartement de Brooklyn. Les choses se gâtent lorsque son père meurt d’un cancer. Au cours d’un flash-back qui ne fait pas dans la dentelle, Alison se souvient avoir surpris ce dernier en train de faire l’amour avec deux grosses bonnes femmes, et avoir sous le choc tenté de se suicider. Désormais, la voilà sujette à de violentes migraines en pleines séances de travail. Lorsqu’elle fait connaissance avec ses nouveaux voisins, elle découvre une belle brochette d’excentriques : un homme affable qui vit avec un chat et un oiseau, deux lesbiennes exhibitionnistes, un couple étrange, une vieille dame qui tient des propos incohérents…

Sans compter ce vieux prêtre aveugle qui vit au dernier étage et ne bouge jamais de sa fenêtre (incarné par un John Carradine au visage frippé, aux cheveux argentés en bataille et aux yeux blancs). Mais sa surprise est immense lorsque son agent immobilier Miss Logan (Ava Gardner) lui affirme qu’à l’exception du prêtre, l’immeuble est entièrement vide depuis trois ans. Qui sont donc ces voisins ? Des fantômes ? Des hallucinations ? Une nuit, alertée par des bruits inquiétants au-dessus de son appartement, Alison se retrouve carrément nez à nez avec le fantôme blafard de son propre père. Prise de panique, agressée par le revenant, elle le défigure et le tue à coups de couteau (ce qui permet au génial maquilleur Dick Smith de s’en donner à cœur joie, nous gratifiant d’un nez tranché et d’un œil littéralement découpé en gros plan !). Un inspecteur de police et son adjoint (Eli Wallach et Christopher Walken) mènent une enquête de routine, tandis que le fiancé d’Alison pousse plus loin les investigations au sein même de l’immeuble, découvrant qu’il s’agit d’un accès direct vers l’Enfer, protégé par un ordre secret de l’église catholique répondant au nom de « Confrérie des Protecteurs »…

Un train fantôme empli de spectres hideux

La Sentinelle des Maudits est avant tout un film d’atmosphère, distillant une insidieuse ambiance d’épouvante croissante, et gratifiant le spectateur d’un véritable défilé de comédiens familiers (aux noms cités, on peut ajouter Martin Balsam, le détective de Psychose, ainsi que Tom Berenger dans un minuscule rôle à la fin du film). Le climax s’avère quant à lui grand guignolesque, muant l’immeuble en véritable train fantôme empli de spectres plus hideux et difformes les uns que les autres. Reposant sur un manichéisme de catéchisme assez basique, le scénario de La Sentinelle des Maudits a un peu de mal à convaincre, d’autant qu’il multiplie les incohérences. Et pourtant, miracle, le film fonctionne plutôt bien, en grande partie grâce à la mise en scène efficace de Michael Winner, à la qualité de son interprétation, et à l’intrigante étrangeté de son propos.

 

© Gilles Penso

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