SURVIVAL OF THE DEAD (2009)

L'ultime volet de la saga des zombies de George Romero mêle l'horreur, la comédie et le western pour continuer à brocarder les travers de l'espèce humaine

SURVIVAL OF THE DEAD

2009 – USA

Réalisé par George Romero

Avec Alan Van Sprang, Kenneth Welsh, Kathleen Munroe, Devon Bostick, Richard Fitzpatrick, Athena Karkanis, Stefano DiMatteo

THEMA ZOMBIES I SAGA LES ZOMBIES DE GEORGE ROMERO

Diary of the Dead coûta si peu cher qu’il se retrouva très rapidement amorti par les préventes en Europe. Une telle rentabilité donna les coudées franches à George Romero, qui s’offrit la possibilité de poursuivre ses variantes sur le thème des zombies avec Survival of the Dead. Même s’il abandonne la prise de vue subjective pour un retour à la narration classique, cet épisode est le seul de la saga des « of the Dead » qui puisse réellement être considéré comme une séquelle, dans la mesure où plusieurs personnages de Diary of the Dead prennent part à l’aventure. La majeure partie de l’intrigue se déroule sur l’île de Plum, au large du Delaware, où s’opposent depuis toujours deux familles pionnières, les O’Flynn et les Muldoon. Alors que les uns prônent l’éradication pure et simple de tous les zombies envahissant les lieux de manière alarmante, les autres préfèrent les maintenir en captivité dans l’attente d’un éventuel remède. Lorsqu’un détachement de l’armée dirigé par le sergent « Nicotine » Crocket (Alan Van Sprang) accoste sur l’île, en quête d’un refuge loin de la cité abandonnée aux morts-vivants, le conflit larvé se mue en guerre ouverte. Moins novateur que les cinq longs-métrages qui le précèdent, Survival of the Dead est sans doute l’opus le plus anecdotique de la saga, entravé de surcroît par la petitesse de ses moyens (un budget d’environ quatre millions de dollars, comme Diary of the Dead) et sa facture souvent maladroite.

Étrangement, Romero utilise ici les morts-vivants moins comme véhicules d’épouvante que comme ressorts comiques, au sein d’une œuvre hybride mêlant les codes du film d’horreur à ceux du western et du slapstick. Le cinéaste continue malgré tout à brocarder les travers de ses concitoyens, revenant ici aux fondements mêmes de la nation américaine tout en concoctant des séquences gore particulièrement imaginatives qui bénéficient d’un mixage audacieux de maquillages spéciaux à l’ancienne et d’effets numériques. « J’adore les effets spéciaux traditionnels, les maquillages et la pyrotechnie », avoue-t-il. « Mais leur mise en place prend un temps fou et c’est ce qui vous ralentit pendant un tournage. Quand vous avez besoin d’aller vite, les effets numériques vous font gagner un temps précieux. Évidemment, un impact de balle sur un acteur est toujours très efficace quand vous l’obtenez en direct sur le plateau. Mais ensuite, on n’en finit plus de nettoyer les murs et de réinstaller les charges explosives pour d’éventuelles prises supplémentaires ! » (1)

Un duel final savoureusement absurde

C’est donc à l’économie qu’est conçu Survival of the Dead, Romero s’intéressant visiblement plus à la haine séculaire qui oppose le capitaine Patrick O’Flynn (Kenneth Welsh) et le vétéran Seamus Muldoon (Richard Fitzpatrick) qu’aux monstres anthropophages qui errent aux alentours. Le spectateur a lui-même bien du mal à choisir un pôle d’indentification chez les deux cow-boys hors du temps aux méthodes expéditives et aux idées guère nuancées dont l’opposition structure l’ensemble du métrage. Fidèle à son sens inné du chaos, Romero achève son film sur un duel savoureusement absurde qui, en quelques plans, résume bien toute la thématique de son œuvre.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2008

 

© Gilles Penso

 

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