LE CONTINENT DES HOMMES-POISSONS (1978)

Barbara Bach se retrouve au cœur d'une variante fantaisiste de L'Étrange Créature du Lac Noir

L’ISOLA DEGLI UOMINI PESCE

1978 – ITALIE

Réalisé par Sergio Martino

Avec Barbara Bach, Richard Johnson, Joseph Cotten, Claudio Cassinelli, Beryl Cunningham, Franco Iavarone, Roberto Posse

THEMA MONSTRES MARINS

Sergio Martino est l’un des grands spécialistes italiens de l’imitation des grands succès américains. Il se distingue généralement par l’inventivité qu’il injecte dans ses plagiats, muant presque certains d’entre eux en objets de culte indépendamment des œuvres dont ils s’inspirent (ce sera par exemple le cas d’Atomic Cyborg et 2019, après la Chute de New York, variantes sans le sou de Terminator et New York 1997). Avec Le Continent des Hommes-Poissons, notre homme s’attaque à une espèce de remake de L’Île du Docteur Moreau (dans le sillage de la version 1977) mixé avec L’Etrange Créature du Lac Noir, avec en prime un soupçon de cérémonies vaudou, une allusion au mythe de l’Atlantide et quelques idées additionnelles piochées au hasard chez Jules Verne, Edgar Rice Burroughs et Hergé ! Forcément, le résultat frôle un peu l’indigestion, s’efforçant d’imbriquer en un tout cohérent ces éléments d’inspiration disparates au sein d’un scénario rocambolesque.

En 1891, un bateau-prison transportant des forçats à Cayenne coule dans la mer des Antilles. Le médecin du bord, Claude Le Ross (Claudio Cassinelli), et quatre survivants parviennent à gagner une île où règne un paranoïaque dangereux, Edmond Rakham (Richard Johnson), maître absolu de la vie et de la mort des indigènes. Les quatre compagnons de Le Ross ne tardent pas à disparaître dans des conditions mystérieuses, apparemment victimes d’étranges créatures amphibies créées par un savant au pouvoir de Rakham… Tourné dans de magnifiques extérieurs naturels en Sardaigne et à Rome, Le Continent des Hommes-Poissons joue à fond la carte du dépaysement et de la distraction. A ce titre, le film fait mouche, multipliant les coups de théâtre improbables et les révélations impensables, et s’adjoignant en outre les charmes infinis de la sublime Barbara Bach, future épouse de Ringo Starr qui sacrifie ici à la figure imposée de la Belle et la Bête. D’où de nombreuses photos publicitaires de l’époque exhibant la comédienne fort peu vêtue (voire pas vêtue du tout) batifolant dans les eaux méditerranéennes en compagnie d’hommes-poissons hideux. 

La figure classique de la Belle et la Bête

Mais si l’étrange créature de Jack Arnold (pourtant antérieure de vingt-quatre ans) était une véritable réussite du point de vue du design et de la sculpture, ses homologues filmés par Sergio Martino (et conçus par le directeur artistique Massimo Antonello Gelleng) révèlent un faciès franchement grotesque et une texture de peau trop évidemment caoutchouteuse pour convaincre. D’autant que les malheureux poussent des espèces de barrissements bien plus comiques qu’effrayants ! Après une première sortie discrète sur les écrans américains (sous l’appellation Island of the Fishmen), Le Continent des Hommes-Poissons tenta une seconde fois sa chance en adoptant le titre Screamers, avec un montage différent, une musique de Sandy Berman remplaçant la partition originale de Luciano Michelini, et une poignée de nouvelles séquences avec Mel Ferrer et Cameron Mitchell orchestrées sous l’égide de New World Pictures.

 

© Gilles Penso

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