INSIDIOUS (2010)

Les créateurs de la saga Saw nous emmènent dans une maison hantée à mi-chemin entre modernisme et classicisme

INSIDIOUS

2010 – USA

Réalisé par James Wan

Avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins, Andrew Astor, Lin Shayne, Barabara Hershey, Leigh Whannell

THEMA FANTÔMES I DIABLES ET DEMONS I SAGA INSIDIOUS

Saw était un coup de maître. James Wan et Leigh Whannell y révélaient leurs talents respectifs de réalisateur, de scénariste et d’acteur. Mais face à l’orientation de cette franchise vers une escalade de gore évacuant leurs influences initiales (Dario Argento, Mario Bava, Robert Fuest, Alfred Hitchcock), ils décidèrent de concocter un film d’épouvante à l’ancienne : Dead Silence. Les intentions étaient louables, mais le résultat pataud et quelque peu anachronique. Insidious est donc l’œuvre du rééquilibrage, cherchant à se réinscrire dans un contexte moderne sans trahir pour autant leurs sources d’inspiration premières. On décèle d’ailleurs quelques clins d’œil au répertoire classique tout au long du métrage, notamment Poltergeist et L’Exorciste, tandis que la présence de Barbara Hershey est motivée par sa prestation inoubliable dans L’Emprise de Sidney J. Furie. Le film s’ouvre sur l’installation de la famille Lambert dans une nouvelle maison, suffisamment spacieuse pour accueillir Josh (Patrick Wilson), Renai (Rose Byrne) et leurs trois enfants. Un soir, leur fils aîné Dalton tombe d’une échelle. Le lendemain matin il ne se réveille pas, tombé dans un coma soudain et inexplicable. La médecine étant impuissante, il ne reste pas à l’hôpital et regagne la demeure familiale, installé dans une chambre médicalisée. C’est là que les événements surnaturels commencent à se manifester…

Le prologue d’Insidious nous laisse craindre un train fantôme reprenant les codes du film de maison hantée en les saupoudrant d’effets choc artificiels n’ayant d’autre but que le sursaut régulier du spectateur sur son fauteuil. Mais en réalité le traitement choisi par James Wan s’avère plus subtil. Le cinéaste instille en effet la peur en douceur, par touches successives. Le visage derrière la fenêtre, la voix dans le babyphone, les coups à la porte en pleine nuit sont bien plus effrayants que ne le seraient des effets spéciaux spectaculaires. Même lorsque les visions se précisent, notamment cet individu surgissant dans la maison pour agresser Renai ou cet enfant inconnu courant de chambre en chambre, la retenue reste de mise. Dans le rôle de l’épouse qui, la première, perçoit l’anormalité de la situation, Rose Byrne s’avère touchante, les yeux toujours embués, prête à craquer d’une seconde à l’autre. A ses côtés, Patrick Wilson est tout autant crédible, certains détails de la vie quotidienne (ses applications de crème antiride le soir avant de se coucher) renforçant le réalisme de leur couple. 

S.O.S. Fantômes

Mais la demi-mesure n’est pas toujours au menu. Lorsque débarque l’improbable trio de parapsychologues constitué de deux adolescents attardés (Leigh Whannell et Angus Sampson) et d’une femme joviale (Lin Shaye), Wan joue volontairement la carte du contraste pour renforcer la dynamique de son film. Certes, les ultimes rebondissements en font sans doute trop et semblent obéir un peu artificiellement à une marque de fabrique que Wan et Whannell se sont imposés : le fameux « twist » final. Mais à cette réserve près, Insidious est une réussite assez exemplaire parvenant à convoquer chez le spectateur ses peurs les plus intimes et les plus primaires.

 

© Gilles Penso

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