LA MALÉDICTION DES PHARAONS (1959)

Peter Cushing et Christopher Lee tiennent le haut de l'affiche dans cette relecture en couleurs du classique du studio Universal

THE MUMMY

1959 – GB

Réalisé par Terence Fisher

Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Yvonne Furneaux, Eddie Byrne, Felix Aylmer, Raymond Huntley, George Pastell 

THEMA MOMIES

La Malédiction des Pharaons est un remake officieux de La Momie de Karl Freund, et si les noms et les dates ont été modifiés, l’intrigue des deux films reste profondément similaire. Nous sommes en Egypte en 1895, sur un site de fouilles archéologiques menées par l’éminent professeur Stephen Banning, son frère et son fils John (Peter Cushing, plus classe et distingué que jamais). Mettant à jour la tombe somptueuse de la grande prêtresse Ananka, ils sont mis en garde par un autochtone qui leur délivre un solennel avertissement : s’ils violent cette sépulture, une terrible malédiction s’abattra sur eux. Evidemment, il en faut plus pour dissuader les fiers archéologues britanniques, rompus à ce genre de menace. Banning pénètre donc les lieux, mais bientôt son hurlement retentit dans la vallée toute entière, et on le retrouve à moitié fou sur le tombeau d’Ananka. Trois ans plus tard, il sort d’une longue léthargie dans l’institution psychiatrique où il est interné, pour annoncer à son fils que la menace dont ils ont fait l’objet est réelle. D’après lui, une momie vivante va venir les agresser. Bien sûr, personne ne croit à cette histoire abracadabrante.

Parallèlement, l’Égyptien adorateur des anciens dieux qui avait proféré la menace a fait rapatrier en Angleterre une « relique » mystérieuse. Les deux cochers chargés de transporter le précieux colis, plus ivrognes l’un que l’autre, font trébucher leur carriole sur les rochers d’une route sauvage, et la caisse atterrit au fond d’un marécage. Peu perturbé, le commanditaire chasse les intrus, lit le « rouleau de la vie », et aussitôt une gigantesque momie émerge des marais nocturnes et embrumés. Cette séquence, magnifique, surréaliste et effrayante, est l’un des moments forts du film. Comme il l’avait fait dans Frankenstein s’est échappé, Christopher Lee reprend l’un des personnages mythiques incarnés par Boris Karloff, prêtant sa haute stature et son regard perçant à cette momie très impressionnante bénéficiant de surcroît d’un maquillage fort réussi, ce qui n’est pourtant pas habituellement le point le plus fort des productions Hammer.

L'éveil de la momie

Le cadavre en bandelettes va donc s’employer de tuer tous ceux qui ont profané la tombe d’Ananka. Un flash-back luxueux (riche en costumes d’époque, en décors somptueux et en figurants) nous révèle en effet qu’avant d’être une momie, Kharis (c’est son nom) était un prêtre amoureux d’Ananka, et c’est en s’efforçant de la ressusciter qu’il fut condamné à la damnation éternelle. Alors qu’il s’apprête à occire John Banning, Kharis est interpellé par la beauté de son épouse (Yvonne Furneaux, magnifique et dont le rôle eut mérité d’être plus étoffé), qui lui rappelle trait pour trait sa bien-aimée. Comme toujours chez la Hammer, le casting est impeccable, ce qui nous vaut une savoureuse confrontation verbale entre Banning et l’adorateur d’Ananka. Chacun se provoque, la tension est croissante, mais le dialogue demeure courtois et la menace n’en est que plus insidieuse. La Malédiction des Pharaons ne trahit donc jamais son illustre modèle, s’en distinguant même par un rythme plus nerveux et une construction scénaristique plus élaborée.

 

© Gilles Penso

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