PIRANHA 3DD (2012)

La suite du remake de Piranhas commence à ressembler à une mauvaise photocopie qui mise tout sur l'humour gras, le gore et l'érotisme

PIRANHA 3DD

2012 – USA

Réalisé par John Gulager

Avec Danielle Panabaker, Matt Bush, Katrina Bowden, Jean-Luc Bilodeau, David Koechner, Ving Rhames, David Hasselhoff 

THEMA MONSTRES MARINS I SAGA PIRANHAS

Dans la foulée du succès du Piranha 3D d’Alexandre Aja, une séquelle ne tarda pas à pointer le bout de son museau, signée par John Gulager (réalisateur des trois Feast). Le DD de son titre est à la fois une boutade autour de la 3D (le film bénéficie lui aussi du relief) et une allusion au bonnet double D des soutiens-gorge. On l’aura compris, Piranha 3DD surfe lui aussi sur la triple tendance du gore, de l’érotisme et de l’humour noir. En ce domaine, le sommet est probablement atteint avec la scène la plus mythique du film, celle où une jeune femme ayant avalé par mégarde un œuf de piranha fait l’amour avec son petit ami jusqu’au moment où un monstre vorace surgit de son intimité pour refermer ses mâchoires acérées sur le sexe de son partenaire ! Ce cocktail d’horreur viscérale et de parodie potache s’achève par une auto-émasculation sanglante. 

Mais le reste du métrage n’est pas aussi extrême, Gulager s’avérant beaucoup moins inventif qu’Aja en matière de séquences gore. Le scénario lui-même ne donne pas vraiment dans l’originalité. Après le massacre survenu à Lake Viktoria, les piranhas préhistoriques mangeurs d’hommes se préparent un nouveau festin à l’occasion de l’inauguration de Big Wet, un parc d’attractions aquatique ouvert à un public familial, à l’exception d’une section « adulte » gorgée de sirènes dénudées qui s’ébattent dans l’eau javellisée pour le plus grand bonheur des visiteurs mâles à la libido exacerbée. Emule féminin du Roy Scheider des Dents de la Mer, la jolie Maddy (Danielle Panabaker) pressent très tôt le danger et s’efforce de prévenir son père, patron du parc Big Wet. Mais l’appât du gain aveugle ce dernier, et ce qui devait arriver arrive : les poissons anthropophage s’immiscent dans tous les bassins pour transformer les piscines en bouillons écarlates et sanguinolents. 

David Hasselhoff à la rescousse !

L’humour quasi omniprésent est principalement véhiculé par les guest stars du film : Christopher Lloyd et Ving Rhames, qui reprennent les rôles qu’ils tenaient dans Piranha 3D, ainsi que David Hasselhoff, trop heureux de se parodier lui-même sans le moindre complexe. Adepte de l’autodérision depuis belle lurette, l’ancienne star de K 2000 joue ici son propre rôle, s’offusque en découvrant qu’un petit garçon n’a jamais entendu parler de lui (il essaie en vain de lui rafraîchir la mémoire en lui citant sa filmographie, sans omettre Anaconda 3 !), et s’efforce de sauver les baigneurs en détresse en courant au ralenti, sa planche à la main, comme dans le générique d’Alerte à Malibu ! Bien sûr, cette bonne humeur et cette légèreté sont communicatives, mais le film semble finalement un peu vain, et cette vacuité se confirme au moment du générique de fin (qui dure presque un quart d’heure, alors que le film lui-même dure moins d’une heure et demie) : un enchaînement ininterrompu de bêtisiers, de prises ratées et de private-jokes s’y déroule joyeusement. Sans doute trop conscient de son propre potentiel comique, Piranha 3DD oublie en cours de route son objectif principal – nous effrayer – même si son grain de folie peut s’interpréter comme un hommage sincère à la spontanéité mi-horrifique mi-humoristique du Piranhas original signé par Joe Dante.

 

© Gilles Penso

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