FREEJACK (1991)

Mick Jagger, Emilio Estevez et Anthony Hopkins se débattent dans ce récit de science-fiction pas vraiment palpitant

FREEJACK

1991 – USA

Réalisé par Geoff Murphy

Avec Emilio Estevez, Mick Jagger, Rene Russo, Anthony Hopkins, Jonathan Banks, David Johansen, Grand Bush, Amanda Plummer

THEMA FUTUR

Mixant science-fiction et phénomènes paranormaux, le roman « Immortality Inc.. », que Robert Sheckley publia en 1958, sert ici de base à un scénario co-écrit par Ronald Shussett, Dan Gilroy et Steven Pressfield. Mais Sheckley n’est qu’un prétexte, et Freejack semble tout miser sur deux facteurs au fort potentiel commercial : des séquences d’action mouvementées et la présence quasi-surréaliste de Mick Jagger en tête d’affiche. La finesse n’est donc pas vraiment de mise. Alex Furlong (Emilio Estevez), champion de courses automobiles, est victime d’un accident spectaculaire. Soudain, le voilà transporté en l’an 2009 à New York. A peine a-t-il de temps de comprendre la situation qu’il est pris en chasse par le mercenaire Victor Vacendak (Mick Jagger). Car Alex est désormais un « freejack », c’est-à-dire un homme du passé transporté au début de vingt-et-unième siècle – époque où l’on maîtrise donc les voyages dans le temps grâce à la technologie du « Spiritual Switchboard » – pour que son corps frais et dispos puisse être recyclé par les citoyens riches et vieillissants de cette société agonisante. Le milliardaire Ian McCandless (Anthony Hopkins) semble prêt à tout pour mettre la main sur ce « freejack ». En disposant de son corps, il se donnerait une seconde jeunesse, et pourrait en profiter pour conquérir la petite amie du pilote de course, Julie Redlund (René Russo). Alex entend bien retrouver cette dernière, vieillie de dix-huit ans dans l’intervalle, afin qu’elle l’aide à sortir de cette situation inextricable. Une nonne haute en couleurs incarnée par Amanda Plummer s’efforcera de lui prêter main forte…

L’idée qui sert de base au scénario ne manque certes pas d’originalité, mais tout tourne bien vite à la banale course-poursuite d’un héros traqué, seul contre tous dans une cité futuriste moyennement réussie. Les immeubles y sont un peu plus grands que nature, les affiches publicitaires vidéo omniprésentes, et les véhicules ressemblent à des prototypes futuristes des années cinquante au design un peu douteux. Il faut dire que depuis Blade Runner, les spectateurs sont devenus exigeants en matière de mégapoles du futur. Si Emilio Estevez se débat avec pas mal de conviction dans cet univers hostile qui n’est pas le sien, Mick Jagger, lui, convainc beaucoup moins en chasseur de prime à la solde des méchants, et Anthony Hopkins, dont on connaît l’extraordinaire potentiel dramatique, est terriblement sous-exploité dans le rôle d’un homme d’affaires qui n’apparaît pratiquement que par l’entremise d’écrans vidéo. 

Coups de théâtre en série

Modérément palpitante, l’intrigue se suit donc d’un œil assez distrait, ce qui n’interdit pas cependant d’y trouver de l’entrain et quelques sources de réjouissances, à défaut d’un réel intérêt. Mais tout l’humour et le cynisme de Sheckley, dont un des romans inspira le délirant La Dixième Victime dans les années 60, se sont totalement évaporés. Le climax, au cours duquel les héros entrent dans l’esprit moribond d’Hopkins, est assez déroutant, et multiplie les coups de théâtre avec pas mal de bonheur. Le final, en revanche, manque sérieusement de crédibilité, et clôt sur une note bizarre un film qui ne l’est pas moins.

© Gilles Penso

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