VENGEANCE DIABOLIQUE (1991)

Une adaptation mineure de Stephen King dans laquelle un enseignant voit ressurgir dans sa classe les fantômes terrifiants de son passé

SOMETIMES THEY COME BACK

1991 – USA

Réalisé par Tom MacLoughlin

Avec Tim Matheson, Brooke Adams, Robert Rusler, Nicholas Sadler, Bentley Mitchum, Chadd Nyerges

THEMA FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING

Réalisé directement pour le petit écran, ce slasher surnaturel s’avère assez dispensable malgré une mise en scène soignée et des comédiens plutôt convaincants. Le scénario adapte la nouvelle “Cours, Jimmy, Cours” de Stephen King parue en 1978 dans le recueil “Danse Macabre”. Jim Norman (Tim Matheson) revient dans sa ville natale avec sa femme Sally (Brooke Adams) et son fils Scott (Robert Gorman) pour prendre un poste d’enseignant. Il l’avait quittée après un traumatisme d’enfance survenu en 1963. Son frère aîné Wayne avait en effet été agressé par des voyous dans un tunnel, et un train passant à toute vitesse les avait tous tués, Jim s’en sortant de justesse.

Cet épisode aurait été inspiré à Stephen King par un drame survenu dans sa propre enfance (un camarade écrasé par un train). Le futur écrivain avait alors quatre ans et le drame lui a été raconté par sa mère. On en trouve des traces dans plusieurs de ses écrits, notamment dans la nouvelle “Le Corps“, devenue à l’écran Stand By Me. Les cours que donne son « alter ego » Jim Norman au lycée ne se déroulent pas à merveille. Les élèves le chahutent et ne le respectent guère. Pour couronner le tout, les souvenirs du drame passé le hantent avec de plus en plus d’insistance, érodant les frontières entre le rêve et la réalité. Dans un état de semi-conscience, il revoit la voiture des voyous, perçoit ses propres pleurs d’enfant, entend le bruit du train au loin…

Les souvenirs peuvent-ils prendre corps ?

L’intrigue de Vengeance Diabolique bascule lorsque deux des élèves de Jim meurent dans des circonstances suspectes. L’un tombe dans un ravin, l’autre est retrouvée pendue dans une grange. Or Jim a des visions au cours desquelles ses anciens agresseurs sont les assassins. Pire : ces derniers réapparaissent vraiment, sous forme de nouveaux élèves intégrant sa classe. Devient-il fou ? Les souvenirs peuvent-ils prendre corps ? Une scène volontairement grand-guignolesque semble confirmer cette dernière possibilité. On y voit les voyous enlever l’un des élèves au milieu de la nuit, puis se transformer en monstres mi-démons mi-zombies qui se jettent sur lui et le déchiquètent membre par membre. Le massacre est vu de loin et en partie suggéré, mais les effets – signés Gabe Bartalos – restent spectaculaires, témoignant des penchants du réalisateur pour le gore outrancier (il signa l’excessif Jason le Mort-Vivant). La théorie d’un policier à la retraite que Jim a connu dans son enfance semble associer ces créatures du passé à des fantômes. « Parfois ils sont dans nos pensées, et parfois ils sont dans nos cœurs », dit-il. « Mais s’ils sont partis avant d’avoir réglé leurs comptes sur Terre, ils reviennent parfois ici-bas. » Dans le rôle de Jim, Tim Matheson offre une prestation assez solide, et McLoughlin parvient à instiller le malaise de manière très efficace, même si sa réalisation reste anonyme. Un peu mécanique, la résolution de l’intrigue déçoit par sa platitude, les scénaristes Lawrence Konner et Mark Rosenthal ayant sans doute préféré éviter de se conformer au climax de la nouvelle qui prenait la forme d’une sorte de messe noire bizarre.

© Gilles Penso

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