LAKE PLACID (1999)

Bridget Fonda et Bill Pullman affrontent un crocodile géant dans ce mixage étrange entre la comédie romantique et le film de monstre

LAKE PLACID

1999 – USA

Réalisé par Steve Miner

Avec Bill Pullman, Bridget Fonda, Oliver Platt, Brendan Gleeson, Betty White, David Lewis, Tim Dixon, Natassia Malthe

THEMA REPTILES ET VOLATILES I MONSTRES MARINS I SAGA : LAKE PLACID

Depuis l’excellent Tremors de Ron Underwood, chacun sait que le film de monstre et la comédie peuvent parfois se marier avec bonheur. Partant de ce postulat, les producteurs de Lake Placid ont tenté un cocktail à priori imparable : un réalisateur spécialisé dans l’épouvante et les effets spéciaux (Steve Miner, à qui nous devons Le Tueur du VendrediHouse, Warlock et Halloween 20 ans après) et un scénariste habitué aux comédies et aux personnages truculents (David E. Kelley, créateur des séries Ally McBeal et The Practice). Sur le papier, l’idée est excellente. A l’écran, c’est déjà moins évident. 

Pourtant, Lake Placid démarre sous les meilleurs auspices. Typique de l’univers de Kelley, Kelly Scott, l’héroïne incarnée par Bridget Fonda, est une jeune new-yorkaise un peu névrosée qui échoue lamentablement dans ses relations avec les hommes et tente de se réfugier dans son travail. Si ce n’est qu’au lieu d’être avocate, elle est paléontologue. Après la mort inexpliquée d’un agent de la protection des eaux et forêts, littéralement coupé en deux aux abords d’un lac sous les yeux du shérif Hank Keough (Brendan Gleeson), une dent qui semble dater de la préhistoire est retrouvée à proximité du cadavre. Kelly part donc dans le Maine – ce qui lui permet de s’éloigner de son ex – afin d’étudier la dent en question. Bien vite, le coupable s’avère être un crocodile de dix mètres de long à la force et à la férocité incroyables. Pour lui mettre la main dessus, Kelly et Hank font équipe avec le garde forestier Jack Wells (Bill Pullman) et le scientifique excentrique et milliardaire Hector Cry (Oliver Platt), un homme fasciné depuis toujours par les crocodiles, et qui ne semble atteindre le bonheur complet qu’en « chatouillant les dragons ». « Toutes les cultures primitives les ont défiés », raconte Kelly au garde forestier qui lui fait les yeux doux. « En Chine, en Egypte, en Australie, en Asie… Les crocodiles ont été plus vénérés que Jésus. »

« Les crocodiles ont été plus vénérés que Jésus… »

Conçu par l’équipe de Stan Winston sous forme de trois marionnettes grandeur nature (un modèle mécanique pour les gros plans, un exemplaire radio-commandé pour les mouvements à la surface de l’eau et une version hydraulique pour les prises de vues sous-marines), le monstre est une vraie réussite, dont le réalisme n’est pas altéré lorsque les images de synthèse de Digital Domain prennent le relais. Colossal, il surgit dans une série de séquences d’action impressionnantes, décapitant un policier sur le pont d’un bateau, engloutissant un ours qui menace les héros ou refermant ses mâchoires sur un hélicoptère en plein vol. Les personnages eux-mêmes sont attachants et leurs dialogues font souvent mouche. Pourtant, l’alchimie ne prend pas vraiment. Car le scénario est tellement prévisible, tellement ancré dans les lieux communs inhérents au genre depuis Les Dents de la Mer que Lake Placid prend vite une tournure anecdotique, évacuant tout effet de surprise. La romance naissante entre Kelly et Jack est traitée par-dessus la jambe, les altercations entre Hank et Hector n’ont pas grand intérêt. Comble de la frustration, le film de Steve Miner s’achève sur le climax le plus mou de l’histoire du cinéma. Trois séquelles directement dédiées au petit écran prendront la suite de Lake Placid entre 2007 et 2012.

 

© Gilles Penso

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