HERCULE CONTRE LES VAMPIRES (1961)

Le roi de l'épouvante Mario Bava transporte le plus célèbre des héros mythologiques au fin fond des Enfers

ERCOLE AL CENTRO DELLA TERRA

1961 – ITALIE

Réalisé par Mario Bava

Avec  Reg Park, Christopher Lee, Leonora Ruffo, George Ardisson, Ida Galli, Marisa Belli, Franco Giacobini, Mino Doro

THEMA MYTHOLOGIE

Porté aux nues par le succès du Masque du Démon, Mario Bava met ses dons d’esthète au service du péplum mythologique, signant cet Hercule contre les Vampires souvent considéré comme l’un des meilleurs films du genre. Dans le rôle titre, Reg Park, héros la même année de Hercule à la Conquête de l’Atlantide campe un demi-dieu sympathique et sculptural. Revenu victorieux de ses travaux, il s’apprête à rejoindre sa bien aimée Déjanire, héritière du roi d’Ecalie. Mais le félon Lico, incarné par l’immense Christopher Lee, convoite le trône et a envoûté la belle au point de la muer en quasi-zombie, perdue dans un éternel état lymphatique. Prêt à tout pour la sauver, Hercule apprend par l’entremise de l’Oracle qu’il lui faut se rendre aux Enfers. Le valeureux Thésée (George Ardisson) et le sympathique Télémaque (Franco Giacobinni) acceptent de se joindre à lui. 

Dès lors, les conventions classiques du péplum sont balayées au profit d’un plongeon dans le Fantastique pur et dur, sublimé par une photographie laissant la part belle aux rouges vifs et aux bleus profonds, signée par Bava lui-même. Les visions poétiques et surréalistes s’enchaînent donc, annoncées par cette séquence mémorable où le navire de nos héros fend les eaux agitées sous un ciel noir aux nuages mouvants. Arrivé dans le jardin des Hespérides (une magnifique caverne de studio noyée de fumigènes), Hercule doit récupérer une pomme d’or au sommet d’un arbre gigantesque. Si le dragon Ladon, présent dans la légende des Hespérides, ne montre pas ici le bout de son museau, les spectateurs se rabattent sur le sinistre Procuste, connu pour piéger ses victimes dans des lits trop grands ou trop petits (il étire les jambes des premiers et coupe celles des seconds !). Simple brigand dans les textes mythologiques, Procuste prend ici l’allure d’un colosse de pierre particulièrement hideux, qu’Hercule terrasse avant qu’il n’ait fait subir son supplice préféré à Thésée et Télémaque. Après avoir plongé dans les eaux du Styx, les compagnons traversent une forêt de lianes inextricables qui hurlent et saignent quand on les coupe. Pour atteindre la pierre magique capable de sauver la vie de Déjanire, il leur faut encore traverser un lac de magma incandescent. Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines… 

« Même Hercule ne peut tuer celui qui est déjà mort… »

Interprétation très libre de la mythologie, Hercule contre les Vampires s’apprécie surtout pour sa collection de séquences horrifico-oniriques. Les vampires promis par le titre français apparaissent enfin au cours d’un climax de cauchemar. Couverts de suaires en haillons et de toiles d’araignées, les mains squelettiques et les visages blafards, ils jaillissent hors de leur tombe ou des entrailles de la terre et voltigent comme des chauves-souris à l’assaut du demi-dieu, tandis que Christopher Lee annonce froidement : « Même Hercule ne peut tuer celui qui est déjà mort ». A vrai dire, ces créatures s’apparentent surtout à des zombies, et il y a fort à parier que le titre Hercule contre les Vampires ait été inspiré aux distributeurs par la double présence au générique de Mario Bava et Christopher Lee, figures incontournables du cinéma d’épouvante.
 
© Gilles Penso

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