L’ASCENSEUR (1983)

À 32 ans, Dick Maas signe un premier long-métrage très remarqué et prouve que Paul Verhoeven n'est pas le seul Hollandais violent

DE LIFT

1983 – HOLLANDE

Réalisé par Dick Maas

Avec Huub Stapel, Josine Van Ammerlooy, Willeke Van Ammelrooy, Liz Snoyink, Wiske Sterringa

THEMA OBJETS VIVANTS

En 1983, alors que le talent éclectique et irrévérencieux de Paul Verhoeven n’avait pas encore traversé les frontières, le cinéma fantastique hollandais se révélait au grand public du monde entier par l’entremise d’un petit film ambitieux : L’Ascenseur. Son réalisateur, Dick Maas, était alors âgé de 32 ans et signait là son premier long-métrage, après deux années de quête de financement. « En effectuant des recherches sur le sujet de ce film, j’ai découvert l’existence de puces électroniques intégrant des composantes biologiques, les “bio-puces“ », nous raconte Maas. « Il y a vraiment eu des recherches consistant à utiliser du tissu animal dans les composantes électroniques. Et ces recherches continuent aujourd’hui. Le scénario de L’Ascenseur s’appuie donc sur un argument de science-fiction qui repose lui-même sur des données réelles. » (1) 

Le film commence un soir d’orage. Quatre personnes sont prises au piège dans l’ascenseur hyper-sophistiqué d’une tour de quinze étages. Après qu’ils aient échappé de peu à l’asphyxie, un dépanneur, Felix Aledaar (Huub Stapel), essaie de résoudre ce mystère. Peu à peu, il découvre que l’ascenseur a acquis un cerveau et s’est transformé en engin de mort. A ses côtés, une jeune journaliste va l’aider à affronter le monstre électronique. Le postulat est plutôt original, même si l’ascenseur ne représente finalement que le descendant encore inexploité d’une série d’objets familiers ligués contre l’humanité à l’occasion de films aussi divers que Le Démon dans l’île (l’électro-ménager), Bell (le téléphone) ou Christine  (la voiture). Les effets d’angoisse, de suspense et de surprise obéissent eux-mêmes à des mécanismes assez connus. Témoin la scène de la petite fille en blanc (une icône qui semble tout droit issu de l’Opération Peur de Mario Bava ou du Poltergeist de Tobe Hooper) s’approchant innocemment de la machine infernale, sa poupée à la main. Et pourtant, L’Ascenseur est une excellente surprise. Dick Maas connaît ses classiques, recycle des recettes familières et y injecte de la nouveauté, de l’irrévérence et un certain grain de folie. Le rythme ne faiblit pas, régulièrement ponctué de séquences choc comme la décapitation violente d’un personnage par l’ascenseur maléfique. Il n’est d’ailleurs pas interdit de lire, en filigranne d’un scénario plutôt récréatif, un discours contre l’aliénation à la technologie. 

Le Grand Prix du Festival d'Avoriaz en 1984

« Le film a été tourné en trente jours », raconte le réalisateur. « Nous étions une petite équipe, entre dix et quinze personnes maximum sur le plateau, et nous travaillions seize heures par jour  Nous faisions nos effets spéciaux nous-mêmes. Nous n’avions pas toujours l’équipement adéquat, y compris pour les cascades qui étaient donc relativement risquées. Nous accrochions nos comédiens à des câbles en espérant que tout se passe bien. » (2) Par ailleurs, Maas compose lui-même la bande originale du film, une mélopée électronique minimaliste qui n’est pas sans évoquer les travaux musicaux de John Carpenter. Grand prix du festival d’Avoriaz en 1984, ce film aura donné le coup d’envoi d’une carrière inégale mais plutôt attachante.
 
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2017
 
© Gilles Penso

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