DRACULA 3D (2012)

Le maestro Dario Argento tente de redorer son blason en revisitant Bram Stoker en relief…

DRACULA 3D

2012 – ITALIE

Réalisé par Dario Argento

Avec Thomas Kretschmann, Asia Argento, Rutger Hauer, Marta Gastini, Unax Ugalde, Miriam Giovanelli

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA DARIO ARGENTO

Dario Argento aux commandes d’une énième version de Dracula vendue principalement sur ses effets 3D ? Il y avait de quoi s’inquiéter. Car le maestro est tombé bien bas depuis la fin des années 90, signant des œuvres de plus en plus mineures malgré quelques rares coups d’éclat (Le Sang des Innocents par exemple). Dès le générique de Dracula 3D, nos craintes semblent se confirmer. L’image numérique signée Lucianio Tovoli (franchement peu esthétique) et la musique excessive de Claudio Simonetti (avec des passages au thérémin qui évoquent presque le cinéma d’Ed Wood) ne laissent rien présager de bon. 

Dracula 3D photo

Le film s’ouvre sur les ébats amoureux de Milos (Christian Burruano) et Tania (Miriam Giovanelli) dans une grange, une nuit d’orage (la « nuit de Walpurgis » qui effraie visiblement tous les superstitieux de la région). Quand elle rentre chez elle, la jeune femme est attaquée dans les bois par un hibou vampire qui la mord au cou ! Car le Dracula d’Argento ne cesse de se transformer au cours du film, par l’entremise de trucages numériques pas vraiment convaincants. Passe encore lorsque le comte vampire se mue en loup, mais que dire de sa métamorphose en nuée de mouches ou en mante religieuse géante ? L’intrigue retrouve les grandes lignes du récit de Bram Stoker, avec l’arrivée de Jonathan Harker (Unax Ugalde) dans le village de Passburg pour officier comme bibliothécaire au service de Dracula, sur les recommandations de Lucy Kisslinger (Asia Argento), puis le surgissement d’un Renfield dément (Giovanni Franzoni) qui tue un villageois en lui plantant une pelle dans la tête et arrache l’oreille d’un autre à coups de dents, et enfin l’arrivée très tardive (au bout d’une heure dix de métrage) d’un Rutger Hauer fatigué dans le rôle du chasseur de vampires Abraham Van Helsing. 

Un loup, des mouches et une mante religieuse géante…

Sous la cape d’un Dracula plus en retenue qu’à l’accoutumée, Thomas Kretschmann propose une prestation plutôt intéressante. Mais les pouvoirs de super-héros dont Argento l’affuble le privent de la moindre crédibilité. Comme dans cette scène bizarre où le vampire intervient au milieu d’une réunion de notables du village qui désirent briser le pacte qu’ils ont conclu avec lui. Il se déplace soudain en accéléré comme Flash. Puis des griffes à la Wolverine poussent sur ses doigts, avec lesquelles il égorge un homme et en décapite un autre. Il arrache ensuite la gorge d’un troisième à coups de dents, et plante une épée dans le corps d’un quatrième. Quant au cinquième, il retourne son propre pistolet contre lui-même et se tire une balle dans la tête. On aurait rêvé que le Dario Argento baroque des années 70/80, celui de Suspiria et Inferno, s’empare d’un tel sujet pour le transcender. Mais le cinéaste se contente d’une image froide et d’une mise en scène distanciée, privilégiant les plans larges théâtraux, comme s’il ne parvenait pas à s’impliquer pleinement dans le film, signant une mise en forme proche de celle des téléfilms des années 90. Et lorsque le sang jaillit à l’écran, le cinéaste se sent obligé d’appuyer chaque effet par des trucages numériques, amenuisant l’impact des scènes horrifiques de son film au point de les doter d’une imagerie aseptisée de jeu vidéo.
 
© Gilles Penso

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