BLADE TRINITY (2004)

Pour sa troisième aventure sur grand écran, le chasseur de vampires Blade affronte le comte Dracula en personne

BLADE TRINITY

 

2004 – USA

 

Réalisé par David S. Goyer

 

Avec Wesley Snipes, Kris Kristofferson, Dominic Purcell, Jessica Biel, Ryan Reynolds, Parker Posey, John Michael Higgins

 

THEMA VAMPIRES I SUPER-HÉROS I SAGA BLADE

Grâce au Blade 2 de Guillermo del Toro, l’adaptation à l’écran des aventures du héros vampire imaginé par Marv Wolfman et Gene Colan pour les Marvel comics s’est muée en juteuse franchise cinématographique. Désireux de ne pas en rester là, le talentueux scénariste David S. Goyer décide de passer lui-même à la mise en scène pour ce troisième opus tout en s’efforçant de relancer l’intérêt d’un sujet déjà bien surexploité. Pour y parvenir, Goyer n’y va pas par quatre chemins : il ressuscite Dracula, carrément ! L’idée n’est pas saugrenue en soi, dans la mesure où le comte transylvanien s’illustrait déjà dans les pages du comics original. Mais l’on sent chez le scénariste/réalisateur un besoin impérieux de dépoussiérer le mythe afin de l’accorder au modernisme inhérent aux deux premiers Blade. Dracula se fait donc appeler « Drake » (!) et a troqué la figure hautaine d’un Bela Lugosi ou d’un Christopher Lee en cape noire contre celle d’un trentenaire musclé et athlétique à qui Dominic Purcell prête ses traits. Hélas, la co-star de Prison Break manque singulièrement du charisme nécessaire à l’interprétation d’une telle figure, et cette erreur de casting est l’une des grandes faiblesses du film.

Ramené à la vie au beau milieu du désert irakien par un commando de vampires qui reconnaissent en lui leur invincible ancêtre, Drake va donc donner du fil à retordre à Blade, qui croule déjà sous les problèmes après avoir abattu un humain qui se faisait passer pour un suceur de sang. Arrêté par le FBI, il est libéré in-extremis par une confrérie de jeunes chasseurs de vampires, les Rôdeurs de la Nuit, constitués de génies scientifiques, d’as de la gâchette et de sportifs hors pair. Parmi eux, on trouve notamment Jessica Biel et Ryan Reynolds, héros respectifs des remakes de Massacre à la tronçonneuse et de Amityville. À contrecœur, Blade accepte de se joindre à eux pour les aider à concevoir un virus censé éradiquer la race vampire une bonne fois pour toutes. Petite difficulté : pour garantir l’efficacité de ce virus, il faut y mêler un peu de sang de Dracula…

Un long vidéoclip

Si Guillermo Del Toro était parvenu à trouver un juste équilibre entre l’épouvante, l’action et la comédie, ce troisième épisode s’efforce de revenir à une certaine noirceur exempte de tout humour, si l’on excepte deux ou trois répliques d’un Ryan Reynolds pré-Deadpool qui – du coup – tombent un peu à plat. Cette approche du sujet au tout premier degré pêche de fait par manque de recul. Il faut reconnaître l’efficacité de la mise en scène de David Goyer le temps d’une poignée de séquences d’action ébouriffantes, notamment la course poursuite d’ouverture ou les acrobatiques échauffourées mettant en scène la belle Jessica Biel. Mais Blade Trinity donne assez rapidement la sensation de n’être qu’un long vidéoclip pour adolescents taciturnes amateurs de trip-hop et de jeux vidéo, comme si le scénariste cherchait à prouver à la face du monde ses talents de jeune réalisateur en abusant de montages clipés et de musique électronique. Il faut dire que Del Toro avait placé la barre très haut, et qu’il était difficile de lui emboîter le pas sans se casser les dents.

 

© Gilles Penso

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