LES ANIMAUX FANTASTIQUES (2016)

La saga Harry Potter s’étant achevée, l’univers magique imaginé par J. K. Rowling se déploie sous d’autres formes…

FANTASTIC BEASTS AND WHERE TO FIND THEM

 

2016 – USA / GB

 

Réalisé par David Yates

 

Avec Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Alison Sudol, Colin Farrell, Ezra Miller, Samantha Morton, Jon Voight, Ron Perlman

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA HARRY POTTER

En 2001, entre l’écriture du quatrième et du cinquième tome de la saga « Harry Potter », J.K. Rowling rédige un guide fantaisiste répertoriant un certain nombre de créatures étranges. Son titre : « Les Animaux fantastiques ». Tout comme « Le Quidditch à travers les âges », écrit quasiment en même temps, ce court livre permet d’accompagner la lecture des aventures du plus célèbre sorcier à lunettes de tous les temps. Cette œuvrette ludique ne fait pas beaucoup d’éclat, mais dix ans plus tard, alors que le dernier film de la saga Harry Potter sort sur les écrans du monde entier, les cadres de Warner commencent à se creuser la tête : comment continuer à capitaliser sur cette franchise maintenant que tous les romans ont été adaptés ? Et pourquoi ne pas ressortir « Les Animaux fantastiques » pour tenter d’en faire un film ? Fait suffisamment remarquable pour être noté, J.K. Rowling elle-même se charge de transformer son guide en scénario, exercice auquel elle ne s’était jamais livrée jusqu’alors. Aussitôt, Alfonso Cuaron, qui avait signé l’excellent Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, exprime publiquement son intérêt pour passer derrière la caméra. Hélas, la production lui préfère le plus docile David Yates, signataire des épisodes les plus anecdotiques de la saga Harry Potter – autrement dit les quatre derniers.

Située dans le New York des années 20, soit 65 ans avant les premières aventures du jeune Harry, l’histoire des Animaux fantastiques s’intéresse à Norbert Dragoneau (Eddie Reydmayne, oscarisé pour son rôle de Stephen Hawking dans Une brève histoire du temps). Cet expert britannique des créatures magiques débarque dans la Grosse Pomme sur les traces d’un spécimen rare, mais un concours de circonstance provoque l’évasion de plusieurs animaux magiques qui étaient enfermés dans sa valise. Dans sa quête pour remettre la main sur ces bêtes insaisissables, il embarque involontairement l’enquêtrice magicienne Tina Goldstein (Katherine Waterston), sa sœur télépathe Queenie (Alison Sudol) et le « non-maj » (autrement dit « moldu ») Jacob Kowalksi (Dan Fogler). Parallèlement, Percival Graves (Colin Farrell) est chargé par le Congrès magique des États-Unis d’enquêter sur les méfaits inquiétants d’une entité invisible qui sévit dans les rues de New York et risque de révéler à la population l’existence des sorciers…

L'orgie numérique

Comme on pouvait le craindre, la mise en scène anonyme de David Yates ne joue pas en faveur de ce « spin-off » qui peine à capter l’attention des spectateurs malgré une direction artistique particulièrement soignée qu’assure le vétéran Stuart Craig. Le cadre urbain dans lequel se déroule le film permet certes d’offrir quelques intéressantes variantes sur l’imagerie fantastique déployée habituellement au sein d’un environnement rétro-gothique dans la saga Harry Potter, et le bestiaire facétieux qui s’agite tout au long du métrage déborde d’originalité. Mais le scénario de J.K. Rowling manque singulièrement de rigueur et de liant, démontrant le manque d’expérience de l’auteur dans le domaine de l’écriture cinématographique mais aussi le faible potentiel dramatique du livre qui sert de support au film. L’intrigue centrale liée à la récupération des animaux est donc traitée par-dessus la jambe, l’histoire parallèle tournant autour de la force destructrice qui sème la panique en ville reste reléguée à l’arrière-plan, et le tout s’achemine vers un dénouement indécis qui ne sait visiblement plus quoi faire du personnage incarné par Colin Farrell. La dramaturgie n’ayant visiblement plus son mot à dire en fin d’intrigue, les effets spéciaux prennent le relais en une orgie d’images de synthèse indigestes qui cachent difficilement la misère d’un fil narratif désespérément ténu. Voici donc un “produit dérivé” sympathique mais parfaitement facultatif.

 

© Gilles Penso



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