SIMETIERRE (2019)

Une nouvelle relecture du célèbre roman de Stephen King qui ne parvient pas à retrouver la miraculeuse alchimie de la version signée Mary Lambert

PET SEMATARY

 

2019 – USA

 

Réalisé par Kevin Kölsch et Dennis Midmyer

 

Avec Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lithgow, Sonia Maria Chirila, Jeté Laurence, Hugo Lavoie, Lucas Lavoie, Obssa Ahmed, Alyssa Brooke Levine, Maria Herrera

 

THEMA ZOMBIES I ENFANTS I SAGA STEPHEN KING

Après la remarquable adaptation de « Simetierre » par Mary Lambert, toute nouvelle transposition à l’écran du roman de Stephen King semblait superflue. D’autant que les raisons ayant présidé à la mise en route de ce remake semblaient pour le moins triviales : Paramount était sur le point de perdre les droits d’adaptation du livre, d’où la nécessité urgente de produire un nouveau film. Les premiers noms qui circulèrent autour de ce projet éveillèrent malgré tout quelques espoirs, Matt Greenberg (Chambre 1408) étant pressenti pour le scénario et Juan Carlos Fresnadillo (28 semaines plus tard) pour la réalisation. Mais nous étions alors au début des années 2010, et la production évolua pendant presque dix ans jusqu’à ce que le script soit finalement confié à Jeff Buhler (Midnight Meat Train, ABC of Death 2) et la réalisation au duo Dennis Widmyer et Kevin Kölsch (le thriller Absence, le slasher Starry Eyes et quelques épisodes de la série Scream). Tourné au Canada, le Simetierre de 2019 s’amorce de manière très classique, suivant un refrain connu des lecteurs du roman et de ceux qui sont familiers avec le premier film.

La famille du docteur Louis Creed (Jason Clarke) quitte donc Boston pour venir s’installer dans une région rurale du Maine : son épouse Rachel (Amy Seimetz), sa fille Ellie (Jeté Laurence), son fils Gage (Hugo et Lucas Lavoie) et leur chat Church. Tandis que Rachel trimbale comme un fardeau un traumatisme d’enfance lié à la maladie et la mort de sa sœur, Louis est hanté par son dernier patient qu’il n’a pas pu sauver et qui revient le harceler sous forme d’un fantôme partiellement défiguré. C’est dans ce climat oppressant que survient le premier drame familial : la mort du chat, écrasé par un camion sur la route qui jouxte la maison. Face à la peine apparemment inconsolable d’Ellie, le vieux voisin Jud Crandall (John Lithgow) montre à Louis une sorte de sanctuaire indien qui a été érigé dans les bois, au-delà d’un cimetière pour animaux où les enfants du coin enterrent leurs petits compagnons disparus trop tôt. Ce lieu étrange aurait des vertus magiques de résurrection qui obsèdent bientôt le père de famille. « Cet endroit se nourrit de votre chagrin et envahit votre esprit » confirme Jud. Les deux hommes y enterrent le chat en attendant son retour à la vie. Mais ce premier acte va déclencher une série d’événements tragiques aux conséquences catastrophiques…

Des choix douteux

Peu confiants dans une intrigue qu’ils savent connue, les deux réalisateurs et le scénariste de ce Simetierre prennent une décision douteuse. Au lieu d’essayer d’apporter à ce remake une vision personnelle et une sensibilité nouvelle, ils se contentent d’imiter servilement le film de Mary Lambert en ajoutant artificiellement quelques éléments insolites improbables (comme les enfants qui enterrent leurs bêtes en portant d’étranges masques d’animaux) et surtout en faisant dévier radicalement le récit à son moment le plus crucial. Ce changement imprévu à mi-parcours semble n’exister que pour apporter du sang neuf à une histoire qui n’en réclamait pas tant. Pire : il élimine une grande partie de l’insolente originalité du concept initial pour revenir à une mécanique plus traditionnelle. Certes, ce Simetierre est efficace, bien réalisé, interprété avec conviction, et sait déployer des moments de terreur bafouant les tabous liés à la mort et à l’enfance. Mais on sent bien l’embarras de ses investigateurs face à ce terrain aussi balisé et leurs tentatives maladroites de surprendre coûte que coûte. Nous aurions honnêtement préféré des surprises liées à des choix de mise en scène audacieux plutôt qu’à une réécriture artificielle des péripéties. Quant au final parfaitement grotesque, il montre bien l’indécision des auteurs. Pour preuve, plusieurs fins ont été tournées et soumises à un public test pour pouvoir trancher au moment du montage.

 

© Gilles Penso

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