CHAMBRE 1408 (2007)

Un auteur spécialisé dans les romans d’épouvante passe une nuit dans la chambre d’un hôtel qui est supposée hantée…

1408

 

2007 – USA

 

Réalisé par Mikaël Hafström

 

Avec John Cusack, Samuel L. Jackson, Mary McCormack, Andrew Lee Potts, Kim Thomson, Len Cariou, Drew Powell

 

THEMA FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING

Chambre 1408 est un film d’une incroyable efficacité, reposant pourtant sur un concept ultra-simple qui semble en partie dérivé des scènes les plus effrayantes de Shining (il y a pires références, nous en conviendrons). Ce n’est pas tout à fait un hasard, puisque Stephen King est l’inspirateur du projet, par l’entremise d’une des quatorze nouvelles parues en 2003 dans le recueil « Tout est Fatal » (« Everything’s Eventual »). Le récit s’inspire librement d’un personnage réel, le parapsychologue Christopher Chacon, et des anecdotes qu’il collecta à propos d’un hôtel californien à l’inquiétante réputation, le Del Coronado. Dans Chambre 1408, John Cusack incarne Mike Enslin, un auteur réputé de romans d’épouvante qui, malgré le succès de ses œuvres traitant de sujets paranormaux, n’a jamais cru aux fantômes ou aux esprits. Agnostique et cynique, il est persuadé que la vie après la mort n’est qu’une invention des hommes destinée à les rassurer. Ses visites fréquentes dans les maisons supposées hantées et les cimetières n’ont fait que renforcer ses convictions en ce domaine. Pour les besoins de son nouveau roman, il déniche une chambre du Dolphin Hotel, la n°1408, dans laquelle se sont produites plusieurs morts inexpliquées et violentes. Pas du tout impressionné par ce passif sinistre, ni par les mises en garde du directeur de l’hôtel (Samuel L. Jackson), Enslin décide d’y passer une nuit. Une nuit qui va rapidement virer au cauchemar…

A priori, rien ne semble distinguer Chambre 1408 des innombrables histoires de fantômes au cours desquelles des protagonistes sceptiques affrontent des phénomènes paranormaux effrayants (La Maison du diable, La Maison des damnés ou Poltergeist ont fait date dans le genre), d’autant que le héros est ici un énième alter-ego de Stephen King. Le déjà-vu guette donc sur le seuil de cette chambre maudite, mais il n’y pénètre jamais vraiment. Bien vite, le spectateur s’interroge. Cette chambre est-elle hantée ? Tout se passe-t-il dans la tête de l’écrivain ? Quel est le vrai rôle joué par le gérant de l’hôtel ? Lorsque le sujet des fantômes est abordé frontalement, ce dernier affirme avec aplomb qu’ils n’ont rien à voir avec les phénomènes en présence. « C’est le Diable qui est dans cette chambre » déclare cet homme mystérieux. « Pourquoi les gens croient-ils aux fantômes ? », ajoute-t-il. « Pour rigoler ? Non ! C’est la perspective de quelque chose après la mort. » Et si ce Diable, c’était lui ?

Chair de poule

Beaucoup de questions restent en suspens, mais le scénario écrit à six mains par Matt Greenberg, Scott Alexander et Larry Karaszewski réserve des rebondissements étonnants en cours d’intrigue, et une chute qui donne la chair de poule. Comme en outre le metteur en scène suédois Mikaël Hafström (auteur du thriller Dérapage avec Clive Owen et Jennifer Aniston) parvient à construire des moments de pure terreur avec une économie de moyens remarquable, aidé par le jeu habité d’un John Cusack en grande forme, Chambre 1408 fait mouche, éveillant en nous des peurs basiques que seuls les grands films savent encore solliciter sans se surcharger en effets spéciaux coûteux et cache-misère.

 

© Gilles Penso



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