LA CHAIR DU DIABLE (1973)

Peter Cushing et Christopher Lee se retrouvent face à un squelette préhistorique dont la chair se reconstitue peu à peu…

THE CREEPING FLESH

 

1973 – GB

 

Réalisé par Freddie Francis

 

Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Lorna Heilbron, George Benson, Kenneth J. Warren, Duncan Lamont, Harry Locke

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I YÉTIS ET CHAÎNONS MANQUANTS

Si Les Monstres de l’espace dénichait les origines du diable sur la planète Mars, La Chair du diable les localise dans notre préhistoire, à travers un scénario audacieux où les pièces éparses d’un même puzzle s’assemblent progressivement au fil d’une étonnante intrigue à tiroirs. Il y a James Hildern (Christopher Lee), cet autoritaire directeur d’hôpital psychiatrique sur le point de publier un ouvrage révolutionnaire sur la folie. Il y a ce fou dangereux, évadé de l’asile, traqué par toutes les polices. Il y a Emmanuel Hildern (Peter Cushing), le frère de James, un vénérable paléontologue accablé par la maladie mentale de son épouse qu’il a cachée à sa fille unique Pénélope pour la protéger. Il y a enfin et surtout cet étonnant squelette que le même Emmanuel Hildern a ramené d’une expédition en Nouvelle-Guinée, et qui semble constituer le fameux chaînon manquant que cherchent maints scientifiques. Massif, grimaçant, cet inquiétant fossile mi-humain mi-simiesque ne serait-il pas celui du Diable lui-même ? C’est en tout cas la folle théorie que développe le paléontologue, s’appuyant sur des ouvrages antiques.

Par inadvertance, le savant découvre qu’en versant de l’eau sur le squelette, sa chair se reconstitue. Il en extrait alors des cellules et crée ce qu’il pense être l’antidote contre le mal. Contrarié par l’état de sa fille, qui vient d’apprendre la vérité sur sa mère et se noie dans le chagrin, Hildern oublie toute prudence et lui inocule le sérum. Le résultat ne se fait pas attendre : Pénélope sombre dans la folie, perd toute notion de bien et de mal, traîne dans les quartiers mal famés, se prostitue presque, commet plusieurs meurtres et échoue dans l’hôpital psychiatrique de son oncle James. Celui-ci, peu encombré par les scrupules, décide de dérober le squelette dans le laboratoire de son frère pour s’approprier sa découverte. Or un orage gronde soudain, couvrant de pluie l’imposante carcasse qui se recouvre progressivement de chair et revient à la vie…

La carcasse du mal

Passionnant de bout en bout, ce scénario fou se pare de l’interprétation magistrale de Peter Cushing, partagé entre la sensibilité d’un père peiné et l’excentricité d’un professeur à la Tournesol, Christopher Lee, détestable et odieux à souhaits, et Lorna Heilbron, incarnant tour à tour la jeune fille modèle et la sauvageonne délurée… Seules petites réserves : Jenny Runacre, la comédienne choisie pour interpréter la mère de Pénélope au cours d’un flash-back, est probablement la danseuse de french cancan la plus ridicule et la moins crédible de l’histoire du cinéma, et le monstre lui-même, une fois entièrement régénéré, ressemble à un amas de latex bien moins effrayant que ce que laissait présager son impressionnant squelette. Le film s’achemine inexorablement vers un dénouement noir et pessimiste, conçu sous forme d’un coup de théâtre terriblement cynique. Une thématique très voisine (le Mal ayant établi sa demeure dans la carcasse d’un chaînon manquant préhistorique) sert de base au scénario de Terreur dans le Shangaï Express, réalisé l’année précédente par Eugenio Martin et mettant une fois de plus en scène Christopher Lee et Peter Cushing.

 

© Gilles Penso



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