ELFE (2003)

Un enfant humain élevé par erreur comme un elfe dans les ateliers du Père Noël décide à l’âge adulte de retrouver son père biologique…

ELF

 

2003 – USA

 

Réalisé par Jon Favreau

 

Avec Will Ferrell, James Caan, Bob Newhart, Edward Asner, Mary Steenburgen, Zooey Deschanel, Daniel Tay, Faizon Love

 

THEMA CONTES

Après deux téléfilms (Bad Cop Bad Cop, Smog) et un premier long-métrage (Made), le futur réalisateur d’Iron Man décide de revisiter les contes de Noël en donnant à Will Ferrell le rôle de Buddy, un bébé reparti par erreur au pôle Nord dans le sac du père Noël et élevé comme un elfe au beau milieu des petits assistants du vénérable Santa Claus. Bien vite, il devient clair que Buddy n’est pas comme les autres elfes. Il est beaucoup plus grand, plus maladroit, et inapte à la fabrication et à l’essayage des jouets. Lorsqu’il apprend ses origines humaines, Buddy décide de faire des adieux provisoires à la faune féerique qui l’entoure, de partir en quête de ses origines et de sonner à la porte de son père biologique, un certain Walter Hobbs. Mais ce dernier est un businessman acariâtre (incarné par James Caan) qui publie des livres pour enfants à échelle industrielle, siégeant dans un bureau spacieux de l’Empire State Building au cœur de New York. Ignorant tout de l’existence de Buddy, qui a été confié à un orphelinat après la mort de sa mère, Hobbs va forcément réserver un accueil glacial à cet enfant guilleret coincé dans un corps d’adulte.

La réussite d’Elfe repose en grande partie sur les larges épaules de Will Ferrell, et l’on imagine mal qui d’autre aurait pu incarner avec autant de candeur, de bonhomie et d’infantilisme cet archétype turbulent du « poisson hors de l’eau ». C’est pourtant Jim Carrey qui était initialement pressenti pour le rôle, dans une version plus sombre du scénario co-écrite par David Berenbaum et Chris Farley. Mais Favreau a une vision beaucoup plus joyeuse et « old school » du film, qui nécessite un gros remaniement d’écriture et un changement de star. C’est là qu’intervient Will Ferrell, alors surtout connu pour ses prestations dans le « Saturday Night Live », et qui tient donc ici l’un de ses premiers grands rôles pour le cinéma. Favreau profite de cette révision du script pour rendre hommage à un téléfilm d’animation qui lui fit grande impression dans son enfance : Rudolph the Red-Nosed Reindeer produit en 1964 par Jules Bass et Arthur Rankin Jr.

« Old school »

Cette volonté d’hommage passe par la mise en scène d’une poignée de créatures en stop-motion. D’où ce pingouin mignon, ce petit ours blanc et ce bébé morse qui apparaissent dès le générique de début, puis de manière récurrente dans l’environnement des elfes au cours des premières séquences du film. Dans le même esprit, le film met en scène Léon, un bonhomme de neige qui reprend presque trait pour trait l’un des personnages de Rudolph the Red-Nosed Reindeer. La création de toute cette galerie volontairement rétro est confiée aux frères Chiodo, maîtres d’œuvre des effets spéciaux de la saga Critters et créateurs des fameux Clowns tueurs venus d’ailleurs. « Les effets spéciaux que nous réalisions autrefois en stop-motion sont désormais conçus en image de synthèse, mais on nous demande parfois de continuer à pratiquer cette technique sous forme de clin d’œil », explique Edward Chiodo, le plus jeune de la fratrie. « Elfe est sans doute l’exemple le plus frappant dans ce domaine, puisque la volonté était de retrouver la saveur des vieux programmes de Noël de Rankin & Bass, où l’animation en volume jouait un grand rôle. » (1) Ces créatures dotent le film d’une touche de fraîcheur inattendue et savoureuse. Leurs allures de jouets vivants, leurs petits yeux noirs inexpressifs et leurs voies aigues à peine compréhensibles (dont l’une est interprétée par le génie de l’animation Ray Harryhausen) sont irrésistibles. Ils ne sont pas le moindre des atouts de cette production joyeusement divertissante qui fut l’un des plus gros succès critiques et commerciaux de l’année.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 2018

 

© Gilles Penso

 

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