Le parcours du combattant de cette poignée de survivants perdus dans le dédale méconnaissable du colossal cimetière marin est un voyage initiatique au cours duquel les personnalités s’exacerbent, le vernis craque, les forces et les faiblesses s’accentuent. Quasi-surréaliste, la vision soudaine par nos héros d’une dizaine de rescapés hagards est d’autant plus marquante que ces derniers choisissent un mauvais chemin et meurent effectivement, comme si leur apparence de morts-vivants annonçait déjà leur fatale destinée. Portant une bonne partie du film sur ses épaules, Gene Hackman apporte tout son charisme au révérend héroïque et déterminé qui mènera comme il peut sa petite troupe de brebis égarées. D’autres visages familiers tiennent le haut de l’affiche, d’Ernest Borgnine à Roddy MacDowall en passant par Shelly Winters et Leslie Nielsen. Ce dernier, pas encore spécialisé dans le cinéma burlesque, incarne l’infortuné capitaine du navire happé par des trombes d’eau. Énorme succès au box-office, L’Aventure du Poséidon ne se contente pas de remplir les salles de cinéma. Il remporte également un nombre impressionnant de récompenses prestigieuses, notamment deux Oscars, un Golden Globe et un British Academy Film Award. Sept ans plus tard, le producteur Irwin Allen réalisera lui-même une séquelle d’après un autre roman de Paul Gallico, Le Dernier secret du Poséidon, abandonnant l’approche catastrophe au profit d’une intrigue centrée sur des aventuriers en quête d’une fortune enfouie dans l’épave du navire.
© Gilles Penso