En s’attaquant frontalement au thème complexe de la nécrophilie, le réalisateur allemand Jörg Buttgereit n’avait pas pour objectif la moindre étude psychologique, pas plus qu’il ne se souciait d’en saisir les implications morales ou pathologiques. Si Nekromantik peut être appréhendé comme une chronique du mal-être et de l’exclusion, le cinéaste avance ses arguments sans la moindre quête de subtilité. Son but principal est manifeste dès les premières minutes du métrage : choquer les spectateurs. D’ailleurs, le texte qui ouvre le film fait plus office d’accroche publicitaire que de véritable avertissement. « Attention », y lit-on, « ce film peut être considéré comme très offensant et ne doit pas être montré à des mineurs !!! » (avec trois points d’exclamation). En quelques minutes, le ton est donné : une femme urine en très gros plan dans la campagne, puis rejoint son compagnon en voiture, juste avant un accident brutal qui les laisse dans un piteux état, lui énucléé, elle coupée en deux et les viscères à l’air. Le choc que pourrait susciter une telle entrée en matière est considérablement amenuisé par l’amateurisme de la mise en forme : des cadrages hésitants, une lumière déficiente, un montage approximatif, une musique synthétique affreuse…