Prisonniers du temps souffre beaucoup de l’extrême fadeur de son casting. L’idée de ne recourir à aucune tête d’affiche n’est pas mauvaise en soi, et elle avait fait ses preuves dans Alien. Mais il aurait fallu choisir des comédiens charismatiques, ce qui n’est guère le cas ici. Même David Thewlis, excellent dans Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, joue en demi-mesure, composant sans le moindre panache un émule de Bill Gates autrement plus coloré dans le roman de Crichton. Richard Donner, quant à lui, assure le service minimum, livrant là une mise en scène propre et efficace mais sans le moindre sens de l’épopée. Du coup les nombreux combats qui scandent le film semblent presque issus d’un spectacle médiéval de fête foraine, tant ils manquent de violence, de suspense et de surprise. Et face à la partition peu inspirée de Brian Tyler, on ne peut que pleurer la disparition prématurée du grand Michael Kamen, qui collabora souvent avec le cinéaste. Reste un assaut de château final plutôt bien troussé, faisant office de climax explosif, et quelques paradoxes temporels intéressants liés à la modification du cours de l’histoire par nos héros. Mais tout ceci est bien en deçà du fort potentiel d’un récit initial dense, présentant quelques similitudes avec le palpitant « Jésus Vidéo » écrit par Andreas Eschbach.
© Gilles Penso