L’AMBULANCE (1990)

Un dessinateur de bandes-dessinées se lance aux trousses d’une ambulance mystérieuse dont les occupants kidnappent les gens dans la rue…

THE AMBULANCE

 

1990 – USA

 

Réalisé par Larry Cohen

 

Avec Eric Roberts, Megan Gallagher, James Earl Jones, Janine Turner, Red Buttons, Janine Turner, Eric Braeden, Richard Bright, Stan Lee

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE

Roi du « film concept », Larry Cohen a souvent aimé détourner les éléments les plus ingénus de notre environnement quotidien pour les muer en objets de terreur. Ainsi, après avoir transformé les gentils bébés en mutants cannibales dans Le Monstre est vivant puis les desserts sucrés en blobs voraces dans The Stuff, voilà qu’il déroute les ambulances de leur fonction première pour en faire des instruments de danger et de mort. L’idée lui serait venue d’une hospitalisation, alors qu’il était lui-même transporté par une ambulance. Le cinéma d’Alfred Hitchcock aurait été une autre source d’inspiration, notamment cette propension à choisir un personnage banal pour le plonger malgré lui dans une situation invraisemblable où sa vie est sans cesse menacée. Il ne reste plus qu’à trouver le « McGuffin », autrement dit le prétexte scénaristique justifiant les folles péripéties que Cohen commence à élaborer dans son cerveau fertile. Ce sera une histoire d’expérimentations médicales douteuses et de trafics d’organe, dans la droite lignée des romans à suspense de Robin Cook, dont le fameux « Coma » fut porté à l’écran par Michael Crichton pour devenir Morts suspectes. Après avoir envisagé tour à tour John Travolta et Jim Carrey pour tenir la vedette de L’Ambulance, le réalisateur opte finalement pour Eric Roberts, plutôt habitué jusqu’alors aux seconds rôles de sales types. C’est un excellent choix : à contre-emploi, le frère de Julia Roberts s’amuse visiblement comme un fou et fait porter une grande partie de la réussite du film sur ses épaules.

La veste ample, la démarche assurée, le regard vif et la coupe de cheveux improbable, Eric Roberts incarne Josh Baker, un dessinateur de bandes-dessinées qui gagne sa vie en créant des comics pour Marvel, d’où la présence savoureuse de Stan Lee dans son propre rôle. Un jour, en plein New-York, il drague une jolie jeune femme qui lui a tapé dans l’œil (Janine Turner) et qui ne semble pas insensible à son charme, malgré sa technique d’approche aux gros sabots. Mais soudain, elle s’écroule dans la rue, victime d’une crise de diabète. A peine Josh a-t-il le temps de retenir son prénom – Cheryl – qu’une ambulance rouge surgit de nulle part et que deux ambulanciers patibulaires l’emmènent vers une destination inconnue. Persuadé que quelque chose de louche se trame derrière ce qu’il considère comme un enlèvement, Josh tente de convaincre l’inspecteur de police Spencer (James Earl Jones) et l’officier Malloy (Megan Gallagher) qu’une sombre machination se trame. Mais personne n’accorde le moindre crédit à ses propos, et notre homme devient bientôt la cible des conducteurs de la sinistre ambulance…

« Quoi qu’il arrive, n’appelez pas l’ambulance ! »

Si le sujet du film flirte ouvertement avec l’horreur et la science-fiction, Cohen choisit d’opter principalement pour le ton de la comédie policière. Récupérant quelques membres clés de l’équipe de Maniac Cop, qu’il a écrit et produit deux ans plus tôt pour William Lustig, le cinéaste confie au compositeur Jay Chattaway la bande originale dynamique de son film et au superviseur des cascades Spiro Razatos la mise en place d’une série de scènes d’action inventives et échevelées (avec comme point d’orgue cette séquence dingue où Eric Roberts, attaché sur une civière, dévale les rues de New-York au beau milieu du trafic). Le comédien donne de sa personne, mouille la chemise et prouve un fort potentiel comique qui n’aura été que très peu exploité au fil de sa carrière. Fidèle une fois de plus aux préceptes hitchcockien, Cohen ne choisit pas au hasard la profession de son héros : dessinateur de BD, il peut croquer des portraits robots de la disparue et de la redoutable ambulance, mais voit également sa parole mise en doute du fait d’un métier jugé peu sérieux par son entourage. James Earl Jones lui-même, peu habitué aux personnages humoristiques (malgré sa présence délectable dans Soul Man de Steve Miner), n’hésite pas à en faire des tonnes dans le registre du policier lunaire accros aux chewing-gums. Cette tonalité humoristique et cette mise en scène soignée (le film donne le sentiment d’avoir coûté plus que son budget de quatre millions de dollars) font sans conteste de L’Ambulance le film le plus « mainstream » de son réalisateur. Il passa pourtant inaperçu aux États-Unis, où les spectateurs ne se déplacèrent guère pour le voir. Le public français lui réserva en revanche un accueil très chaleureux, en grande partie grâce à une belle campagne de promotion où l’affiche clamait sous forme d’avertissement : « Quoi qu’il arrive, n’appelez pas l’ambulance ! »

 

© Gilles Penso

 

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