MANIAC COP (1988)

Sous la direction de William Lustig, Bruce Campbell affronte un policier colossal, défiguré et dangereusement psychopathe

MANIAC COP

 

1988 – USA

 

Réalisé par William Lustig

 

Avec Bruce Campbell, Laurene Landon, Tom Atkins, Richard Roundtree, Robert Z’Dar, Sheree North

 

THEMA TUEURS I SAGA MANIAC COP

Début 1987, William Lustig est dans une période creuse après le doublon Maniac et Vigilante. Au cours d’un déjeuner informel à New York, Larry Cohen (créateur de la série Les Envahisseurs et réalisateur du Monstre est vivant) lui suggère de s’atteler à une séquelle de Maniac. Mais Lustig n’est pas convaincu. « Je ne voyais pas trop comment donner suite à ce film », raconte-t-il. « Or à l’époque, le mot “Cop“ était dans le titre de beaucoup de films à succès : Robocop, Beverly Hills Cop, etc… Du coup, Larry m’a dit : “et si nous faisions un film qui s’appellerait Maniac Cop ?” Dans son élan, Larry a même eu l’idée d’un slogan : “Vous avez le droit de garder le silence… pour toujours” Aussitôt, je lui ai répondu : “Larry, nous tenons un film !” » (1) En attendant d’avoir en main un scénario, Lustig demande à Cohen d’imaginer une séquence se déroulant en pleine fête de la Saint Patrick, pour pouvoir profiter de la parade des policiers en mars 87. Tournant un peu à l’aveuglette, le réalisateur profite de la présence à New York de Sam Raimi (alors en attente du financement de Darkman) pour lui faire jouer un reporter et embauche Bruce Campbell qui se déplace spécialement sans trop savoir dans quel film il joue. « Je voulais Bruce dans le rôle principal de Maniac Cop parce que je l’avais trouvé extraordinaire dans Evil Dead 2 », explique Lustig. « Il a un look de héros purement américain et un jeu corporel incroyable. Quant à Laurene Landon, elle m’a été suggérée par Larry Cohen. Bruce et elle forment un couple très dynamique à l’écran. » (2) Entretemps, Cohen rédige enfin le scénario définitif et Lustig s’installe avec son équipe dans les rues de Los Angeles, qu’il maquille habilement pour faire croire que l’action se situe intégralement à New York.

Le générique de Maniac Cop est constitué d’une série de gros plans montrant un policier qui endosse son uniforme. La caméra s’attarde sur ses mains, son badge, son arme, sa casquette, puis sa matraque dans laquelle se cache une longue lame acérée. La dichotomie entre sécurité et danger est assumée en quelques secondes. Elle monte d’un cran lors de la séquence suivante, où une barmaid est agressée en pleine nuit par deux voyous puis prend la fuite en direction d’un policier… qui l’occis aussitôt. Ce n’est que le premier d’une série de meurtres frappant bientôt la Grosse Pomme. Chargés de l’enquête, le lieutenant MacCray (Tom Halloween 3 Atkins) et le commissaire Pike (Richard Shaft Roundtree) échafaudent chacun leur théorie. Selon le premier, l’assassin est un policier désaxé. Le second penche plutôt pour un homme qui veut se faire passer pour un agent et nuire à l’image de la police. Toujours est-il qu’une psychose anti-flic gagne bientôt les citoyens, prélude à quelques sanglants dérapages. Suite à la mort de sa femme, le policier Jack Forrest (ce bon vieux Bruce Campbell) devient le suspect numéro un. Pour se disculper, il va devoir mettre la main sur le vrai tueur. L’histoire de ce dernier nous est contée dans un flash-back onirique dont la musique obsédante semble puiser son inspiration dans l’atmosphère des giallos. Ancien policier zélé, Matt Cordell (Robert Z’Dar) fut condamné pour abus de pouvoir et emprisonné avec tous les criminels qu’il avait fait condamner. Agressé sous la douche par des malfrats (le temps d’un hommage assumé à Psychose), mutilé à coups de couteau, laissé pour mort, Cordell est désormais revenu d’entre les morts pour se venger de la ville qui l’a transformé en monstre.

Frankenstein Connection

Maniac Cop est donc un film concept, procédé dont Larry Cohen s’est fait une spécialité. Mais loin de se contenter de son idée de départ, le scénario en explore toutes ses répercussions, notamment le mélange de peur et de respect qu’inspire l’uniforme et l’influence des médias sur l’opinion publique. Par sa stature, son comportement et la manière dont il est filmé, le tueur est volontairement déshumanisé pour se muer en une sorte d’abstraction iconique. Il semble d’ailleurs insensible aux balles. « J’ai l’habitude de dire que Maniac Cop est un mélange de Frankenstein et de French Connection », plaisante Lustig. « Plus j’avançais dans le film, plus Cordell montrait des capacités surnaturelles. Mais honnêtement je n’avais pas exactement défini sa nature, quelque part à mi-chemin entre l’homme ayant survécu à la mort et le zombie. » Soigneusement dissimulé dans l’ombre, le visage du monstre n’est révélé qu’à cinq minutes de la fin. Il faut avouer que le maquillage supervisé par John Naulin (Re-Animator, Critters, From Beyond) manque de finesse. Mais il fonctionne grâce au montage efficace, aux lumières et au jeu de Robert Z’Dar qui grimace nerveusement pour accentuer son impact. En cours de route, le slasher se mue en film d’action et multiplie les cascades spectaculaires jusqu’à un final particulièrement mouvementé laissant une porte ouverte vers de futures séquelles.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2016

 

© Gilles Penso

 

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