LE BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (1993)

Un brocanteur s’installe dans la petite ville de Castle Rock et commence à y semer progressivement le chaos…

NEEDFUL THINGS

 

1993 – USA

 

Réalisé par Fraser Clarke Heston

 

Avec Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh, Ray McKinnon, Duncan Fraser, Valri Bromfield, Shane Meier

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA STEPHEN KING

Allégorie sur la bêtise humaine, l’hypocrisie, la jalousie et la capacité chez tout un chacun à faire œuvre de destruction autour de lui, cette adaptation du roman « Bazaar » de Stephen King, publié en 1991, est produite par Castle Rock Entertainment, la compagnie créée par Rob Reiner à l’occasion de Stand By Me. Le film devait initialement être réalisé par Peter Yates (Bullit, Krull), mais le réalisateur quitte le tournage avant le premier tour de manivelle. Il faut donc le remplacer à la dernière minute par Fraser Clarke Heston, fils du célèbre Charlton, qui effectue là ses premiers pas derrière une caméra. Les cinéphiles se souviennent qu’il jouait Moïse enfant dans Les Dix commandements. L’histoire insolite du Bazaar de l’épouvante, qui repose sur un sujet digne de La Quatrième dimension, donne au diable les traits avenants de Leland Gaunt (Max Von Sydow), un brocanteur sympathique et charismatique venu installer sa boutique dans le paisible village de Castle Rock.

Le fantastique baigne l’ensemble du film de manière évidente et omniprésente, mais tout en allusions sous-jacentes, jamais ouvertement. C’est l’une de ses grandes forces. L’efficacité du Bazaar de l’épouvante s’appuie aussi sur le choix de ses héros, une série de personnages très ordinaires, ce qui décuple les possibilités d’identification du spectateur. Tous très crédibles, les comédiens sont prompts à traduire les faiblesses et les défauts de ces protagonistes plus vrais que nature, avec en tête Ed Harris (le shérif Alan Pangborn, impulsif et sceptique), Bonnie Bedelia (son épouse Polly Chalmers, atteinte d’une arthrite douloureuse), Amanda Plummer (Mettie Cobb, une serveuse peu assurée) et J.T Walsh (Danforth Keeton, surnommé Buster, politicien paranoïaque). Leland Gaunt offre aux habitants de Castle Rock les objets dont ils rêvent depuis toujours, en échange d’une farce a priori insignifiante que ceux-ci doivent adresser à l’un de leurs voisins. Peu à peu, la situation dégénère et la tension et l’angoisse progressent lentement vers un point de non-retour.

Réaction en chaîne

Le scénario réussit le difficile exercice d’imbriquer toutes les actions parallèles les unes dans les autres, de telle sorte que l’ampleur des méfaits de Leland Gaunt, par « clients » interposés, n’apparaisse pas immédiatement. Cette structure narrative virtuose est à mettre au crédit du scénariste W.D. Richter (L’Invasion des profanateurs, le Dracula de John Badham, Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin). Fraser C. Heston prouve ici ses talents de metteur en scène, rendant justice au texte de Stephen King tout en développant un style personnel. Quant à la splendide bande originale de Patrick Doyle, elle contribue agréablement à tisser l’atmosphère trouble du film. On pourra regretter que le dénouement n’ait pas la force espérée, malgré une montée en puissance qui laissait espérer un final moins escamoté. Les fans de Stephen King noteront que le personnage du shérif Pangborn, incarné ici par Ed Harris, apparaît la même année dans La Part des ténèbres de George Romero, cette fois-ci sous les traits de Michael Rooker. À la demande de TBS Network, Heston supervisera un remontage du Bazaar de l’épouvante sous forme d’un téléfilm en deux parties réintégrant plus d’une heure de scènes coupées.

 

© Gilles Penso

 

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