KRULL (1983)

Une fusion entre le conte de fées et le space opera gorgée d'effets spéciaux pleins de charme et magnifiée par une splendide partition de James Horner

KRULL

1983 – GB

Réalisé par Peter Yates

Avec Ken Marshall, Lysette Anthony, Freddie Jones, Francesca Annis, Alun Armstrong, Bernard Bresslaw, David Battley

THEMA CONTES I HEROIC FANTASY I SPACE OPERA

A l’aube des années 80, le grand public ne jure plus que par La Guerre des étoiles et L’Empire contre-attaque qui sont devenus les nouvelles références en matière d’aventure fantastique. Pour profiter de cette vogue incontournable, le scénariste Stanford Sherman, vétéran de la série télévisée Batman, imagine un conte de fée médiéval tout à fait classique transposé dans l’espace. Ce mélange pour le moins surprenant donne naissance à Krull, dont la réalisation est confiée à Peter Yates, metteur en scène du mythique Bullit. Voici les grandes lignes du scénario de Sherman : sur la planète Krull règne une bête maléfique dont nul n’a jamais vu les traits, et qui se dissimule au cœur d’un gigantesque bloc de granit, la Forteresse Noire (aucun lien avec celle de Michael Mann). Pour lutter contre la Bête, les deux royaumes longtemps ennemis de Krull décident d’unir leurs forces en mariant le prince Colwyn (Ken Marshall) à la jeune princesse Lyssa (Lysette Anthony). Mais la cérémonie est brutalement interrompue par les sbires de la Bête, qui s’emparent de la jeune fille après avoir décimé ses gardes et la plupart des invités. Un vieux magicien à la Obi-Wan Kenobi, Ynyr (Freddie Jones), sauve Colwyn, grièvement blessé, et l’encourage à affronter la Bête pour lui arracher Lyssa.

Avec son budget de vingt millions de dollars, cette fantaisie britannique s’octroie les talents de nombreux artistes anglo-américains, notamment James Horner (futur compositeur de Titanic et Le Masque de Zorro) qui écrit à l’occasion l’une de ses partitions les plus flamboyantes, et Derek Meddings (maître d’œuvre des trucages de nombreux James Bond) qui réalise là de très beaux effets visuels reposant en grande partie sur les maquettes. Plusieurs créatures évoquent les films de Ray Harryhausen, notamment les chevaux ailés (réminiscence du Pégase du Choc des Titans) et le cyclope (l’un des monstres clefs du 7ème Voyage de Sinbad), mais les effets qui leur donnent vie sont bien moins performants : de vrais chevaux incrustés pour les uns, un comédien maquillé par Nick Maley pour l’autre.

L'araignée de cristal

L’animation image par image intervient tout de même dans l’une des séquences les plus impressionnantes de Krull, celle où Ynyr rend visite à la Veuve de la Toile (Francesca Annis). Celle-ci vit au milieu d’une gigantesque toile d’araignée habitée par un splendide et immense arachnide en cristal. Le travail d’animation, œuvre de Steve Archer, est absolument extraordinaire, l’araignée aux pattes et à l’abdomen translucide se mouvant avec beaucoup de réalisme. Le comportement animal est tellement crédible qu’on jurerait par moments assister aux évolutions d’une araignée réelle. « La figurine mesurait environ 90 centimètres », raconte Archer. « Elle était fabriquée en plexiglas avec des câbles métalliques à chaque articulation » (1). La scène semble s’inspirer de l’un des spectaculaires affrontements qui émaillaient le fameux Voleur de Bagdad de 1940. Malgré toutes les prouesses artistiques et techniques qu’il combine, Krull demeure un semi-échec, notamment à cause d’une intrigue trop peu surprenante, d’une mise en scène mollassonne et de comédiens pas vraiment convaincants.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1999.


© Gilles Penso

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