THE GRUDGE (2004)

Le terrifiant remake d’un classique de l’épouvante japonaise réalisé par Takashi Shimizu et produit par Sam Raimi

THE GRUDGE

 

2004 – USA

 

Réalisé par Takashi Shimizu

 

Avec Sarah Michelle Gellar, Jason Behr, Kadee Strickland, Clea duVall, Bill Pullman, Grace Zabriskie, Ted Raimi

 

THEMA FANTÔMES I SAGA THE GRUDGE

A l’instar de Ring, Ju-On a tôt fait l’objet d’un remake hollywoodien. A la différence qu’ici, Sam Raimi, heureux producteur du projet, a souhaité maintenir l’action du film au Japon, et surtout confier la mise en scène au réalisateur de l’original, Takashi Shimizu. Le prologue est un véritable électrochoc, enchaînant deux séquences coup de poing qui montent en crescendo et laissent déjà le spectateur sur les rotules. Ainsi assistons-nous coup sur coup au suicide brutal d’un occidental interprété par Bill Pullman et à l’agression d’une jeune garde-malade japonaise par un fantôme effrayant dans un grenier obscur. L’intrigue se précise alors : Karen, une jeune étudiante américaine (Sarah Michelle Gellar), et Doug, son petit ami (Jason Behr), sont venus s’installer à Tokyo pour un stage d’études. Arrondissant ses fins de mois, Karen remplace une infirmière à domicile et se retrouve au chevet d’Emma (Grace Zabriskie), une femme âgée qui passe le plus clair de son temps à dormir et à parler seule. La maison semble paisible, mais en réalité deux spectres hantent les lieux et semblent animés d’une violente pulsion vengeresse, suivant le vieil adage japonais selon lequel ceux qui meurent avec rancœur reviennent tourmenter les vivants. D’abord terrifiée, Karen va progressivement reconstituer le puzzle qui pourra lui expliquer l’origine de la malédiction et l’empêcher de trépasser dans d’abominables circonstances comme tous ceux qui, avant elle, ont franchi le seuil de la maison.

Même s’il met en scène les peurs les plus classiques (le noir, la claustrophobie) et les situations les plus convenues en pareil contexte (personnages seuls menacés par une présence invisible, bruits inquiétants derrière une porte close), The Grudge peut se targuer de figurer parmi les films les plus terrifiants de sa génération. Car le climat de tension développé dès les premières minutes du métrage et les très nombreux effets chocs font systématiquement mouche, provoquant un phénomène alternatif déstabilisant : soit le spectateur est cloué sur son fauteuil, soit il sursaute violemment. A tel point que par moments, le visionnage de The Grudge s’apparente à une véritable épreuve pour les nerfs. Tout le mérite en revient à Shimizu, qui transcende les lieux communs du film de fantômes via ses cadrages, ses astuces de montage, sa gestion de la pénombre et son utilisation habile de la musique stressante de Christopher Young.

La virtuosité de la terreur

Sans compter ces idées visuelles surpenantes, comme l’enfant fantôme qui apparaît à tous les étages du même immeuble à travers la vitre d’un ascenseur, cette main crispée qui surgit de la chevelure de Sarah Michelle Gellar, ou cette inquiétante silhouette sur l’écran du téléviseur, directement héritée de Ring. A cette mise en scène virtuose, Shimizu ajoute une narration éclatée qu’il avait déjà expérimentée dans Ju-On. Le scénario accumule ainsi les flash-backs qui, peu à peu, permettent de comprendre quels événements tragiques ont généré les horreurs de la sinistre demeure. Hélas, la clef de l’énigme est décevante, car elle foule les sentiers battus. The Grudge vaut donc bien plus pour sa réalisation que pour son scénario, mais son impact demeure extrêmement fort, et résonne encore longtemps après son générique de fin.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection



Partagez cet article