HIGHLANDER (1986)

Christophe Lambert, Sean Connery, Queen, la caméra folle de Russel Mulcahy et tout plein d’arcs électriques… Une légende est née !

HIGHLANDER

 

1986 – USA / GB

 

Réalisé par Russell Mulcahy

 

Avec Christophe Lambert, Roxanne Hart, Clancy Brown, Sean Connery, Beatie Edney, Alan North

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA HIGHLANDER

C’est à Gregory Widen, étudiant en cinéma de la prestigieuse UCLA, que nous devons l’idée originale d’Highlander. Deux sources d’inspiration se bousculent dans sa tête en 1977, alors qu’il n’a que 19 ans : la visite d’un musée d’Édimbourg, orné d’une galerie d’armures de toutes les époques, et le visionnage du film Les Duellistes de Ridley Scott, qui conte l’affrontement de deux hommes étalé sur quasiment toute une vie. Entre deux cours de cinéma, Widen est pompier pour payer ses études. Et pendant le peu de temps libre qui lui reste, il écrit le scénario d’Highlander (qui s’appelle alors « Dark Knight »). Ce dernier tape dans l’œil de son professeur d’écriture et finit par faire le tour d’Hollywood jusqu’à ce que les producteurs William N. Panzer et Peter S. Davis (Les Risque-tout de Mark Lester, Osterman Weekend de Sam Peckinpah) ne le lisent et en détectent immédiatement le gros potentiel. Mais pour pouvoir en faire un film attrayant et distrayant – au lieu de la fable sombre imaginée initialement par Widen – les producteurs demandent aux scénaristes Larry Ferguson et Peter Bellwood d’y apporter une touche de légèreté. Pour la mise en scène, un nom les attire tout particulièrement, celui de l’australien Russel Mulcahy. Signataire d’un grand nombre de clips et du très étonnant Razorback, Mulcahy possède une signature visuelle et musicale unique qui pourrait très bien muer Highlander en œuvre à part. Pour le rôle principal, tout le monde s’accorde à dire que Christophe Lambert, encore peu connu du public mais très impressionnant dans Greystoke, est l’acteur idéal – si ce n’est qu’il est myope comme une taupe et parle fort mal anglais, d’où la présence d’un coach pendant tout le tournage. Le duo qu’il forme avec Sean Connery est entré dans la légende. 

Highlander raconte l’histoire hors du commun de Connor McLeod, un jeune noble écossais qui vit en 1536 et découvre soudain qu’il est immortel. Mais il n’est pas le seul, sur la Terre, à bénéficier de ce surprenant privilège. Entre les immortels, à travers les siècles, des puissances supérieures semblent avoir organisé un impitoyable combat. À la fin, un seul d’entre eux doit survivre. Pour s’éliminer réciproquement, ils ne disposent que d’un seul moyen : décapiter d’un coup de sabre l’adversaire. D’où cette scène d’introduction grandiloquente située en plein Manhattan où, après avoir assisté à un match de catch filmé par une caméra qui semble en apesanteur, McLeod (Christophe Lambert, donc), affronte au sabre un adversaire dans un parking souterrain et le soustrait de sa tête avec force effets pyrotechniques (une scène qui nécessitera pas moins de 17 jours de tournage !). Face à Connor se dresse bientôt le monstrueux Kurgan, à qui Clancy Brown (formidable monstre de Frankenstein dans La Promise) prête son imposante silhouette, affublé d’un look mi-punk mi-barbare du plus curieux effet. L’affronter ne sera pas une mince affaire…

Il ne peut en rester qu’un…

Deux éléments au moins font d’Highlander un film exceptionnel : son thème et sa mise en forme. Le sujet de l’immortalité, étrangement peu traité au cinéma, apporte au second long-métrage de Russell Mulcahy sa première originalité. Si toutes les digressions philosophiques et métaphysiques ne sont pas traitées, Highlander mène les problématiques assez loin : voir vieillir et mourir ceux qu’on aime, ne pas appartenir à une époque précise, avoir une inévitable distanciation par rapport au monde et à ses événements. La narration, conçue par flash-backs successifs montés parallèlement à l’action principale, n’était pas sans risques. Peu féru de classicisme, le réalisateur évite les clichés habituels (voix off, flous), détourne les autres (fondus, volets), et réalise des transitions étourdissantes qui donnent le sentiment que le passé et le présent fusionnent visuellement sans coupure. En ces temps pré-numériques, mille astuces sont nécessaires pour créer une telle fluidité entre les séquences. Cinéaste de tous les excès et de toutes les outrances, Mulcahy invite dans son film les effets de style du clip musical, faisant fi de tout réalisme au profit d’une esthétique excessive et incroyablement énergique. Projecteurs de lumière gigantesques, étincelles à foison, arcs électriques en rotoscopie, multi-angularité multipliant les points de vue jusqu’au vertige… sans oublier bien entendu les chansons de Queen, qui se mêlent avec panache à la bande originale épique de Michael Kamen. Séduits par les premières images du film que Mulcahy leur montre, Freddie Mercury, Roger Taylor et Brian May écrivent chacun un morceau pour les besoins du film (respectivement « Princes of the Universe », « A Kind of Magic » et le déchirant « Who Wants to Live Forever ? »). Très mal distribué sur le continent américain, Highlander sera un flop retentissant. En France, en revanche, il sera sacré classique immédiat. C’est son succès ultérieur en VHS et le culte qu’il généra progressivement autour du monde qui lancèrent l’idée d’en faire le premier chapitre d’une franchise.

 

© Gilles Penso

 

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