LA FEMME INVISIBLE (1941)

Pour sa troisième incursion dans le thème de l’invisibilité, le studio Universal féminise son personnage principal et joue la carte de la comédie

THE INVISIBLE WOMAN

 

1941 – USA

 

Réalisé par Edward Sutherland

 

Avec John Barrymore, Virginia Bruce, Charlie Ruggles, John Howard, Oscar Homolka, Maria Montez

 

THEMA HOMMES INVISIBLES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Déjà auteurs du Retour de l’homme invisible, Joe May et Curt Siodmak proposent une nouvelle variante autour du roman d’H.G. Wells en écrivant l’histoire de cette Femme invisible volontiers axée sur le potentiel comique de la thématique, et n’assurant plus le moindre lien avec le personnage de Jack Griffin. Le vétéran John Barrymore y incarne avec force grimaces un vieux professeur excentrique du nom de Gibbs, clamant partout avoir trouvé la formule qui permet aux gens de se rendre invisible. Fort peu considéré par ses pairs, Gibbs en est réduit à passer une annonce dans le journal pour qu’un cobaye humain accepte de se prêter à l’expérience. Étant donné que celle-ci n’est pas rémunérée, l’annonce n’attire personne, à l’exception de Kitty Carroll (Virginia Bruce), une jeune femme qui arrondit ses fins de mois en travaillant comme mannequin sous les ordres du tyrannique Monsieur Growley (Charles Lane). Soucieuse d’échapper à son train-train quotidien, Kitty vient rendre visite à Gibbs dans le but de tester la formule, laquelle mixe cette fois l’injection d’un sérum avec l’exposition du corps à des ondes électromagnétiques via une machine complexe et excentrique.

Autre grosse différence avec les héros invisibles précédents : l’invention de Gibbs permet aux cobayes de redevenir visibles au bout de quelques heures et ne présente aucun effet secondaire comportemental. Exit donc les tourments psychologiques et les séquences de suspense dignes de ce nom. Ici, seul le rire et la détente sont à l’ordre du jour. Notre jeune héroïne profite de son invisibilité pour prendre sa revanche sur son odieux patron, défilant sous forme d’une robe sans tête pour effrayer les snobs clients de Growley, puis terrifiant ce dernier en se faisant passer pour sa conscience. Les choses se compliquent lorsque trois gangsters s’intéressent de près à l’invention de Gibbs et s’efforcent de la subtiliser par tous les moyens pour permettre à leur patron (Oscar Homolka), exilé au Mexique, de se rendre invisible. Une intrigue amoureuse mettant en scène l’oisif aventurier Dick Russell (John Howard) vient compléter le cocktail.

Des enjeux transparents

Les situations comiques édictées par ce scénario burlesque s’enchaînent sans beaucoup de finesse, à mi-chemin entre Abbot et Costello et les trois Stooges. Les seconds rôles cabotinent plus que de raison – notamment les gangsters maladroits, la gouvernante grimaçante ou le majordome George qui se prend les pieds dans les tapis et tombe dans les escaliers de manière récurrente – et l’intrigue ne présente que peu de rebondissements captivants. Les effets spéciaux eux-mêmes, toujours signés John P. Fulton, oscillent entre l’excellence (la femme invisible qui enfile ses bas, la bouteille de cognac qui remplit les verres) et la maladresse (certaines lignes de cache sont bien visibles, les cagoules et gants noirs sont aisément repérables dans certaines scènes de déshabillage). Dès son troisième long-métrage consacré à l’invisibilité, le studio Universal cède ainsi à la facilité, amorçant le mouvement parodique qui sera relayé par tous les Deux nigauds à venir.

 

© Gilles Penso

 

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