LE PROCÈS DE L’INCROYABLE HULK (1989)

Le Titan vert de Marvel fait équipe avec le justicier aveugle Daredevil pour tenter d’éliminer l’empire du crime de Wilson Fisk

THE TRIAL OF THE INCREDIBLE HULK

 

1989 – USA

 

Réalisé par Bill Bixby

 

Avec Bill Bixby, Lou Ferrigno, Rex Smith, John Rhys-Davies, Marta DuBois, Nancy Everhard, Nicholas Hormann, Richard Cummings Jr., Joseph Mascolo, Stan Lee

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL

L’accueil du Retour de l’incroyable Hulk ayant été globalement enthousiaste, New World Entertainment lance dans la foulée Le Procès de l’incroyable Hulk et tente un autre crossover, dans la lignée des comics « Marvel Team-Up » édités entre 1972 et 1985. Après le puissant Thor, place donc à l’intrépide Daredevil. Autre changement majeur qui influe sur l’atmosphère visuelle de ce téléfilm : l’équipe de tournage quitte le soleil de Los Angeles pour le décor urbain de Vancouver. Quant à Bill Bixby, il occupe cette fois-ci officiellement le poste de réalisateur, fonction qu’il assuma en grande partie sans en être crédité dans le film précédent. Il reprend aussi bien sûr le rôle de David Banner, toujours en fuite sous un nom d’emprunt, en quête d’une paix intérieure qui semble hors d’atteinte. En début de métrage, nous le retrouvons barbu, gagnant quelques maigres dollars en s’astreignant à des travaux physiques ingrats, côtoyant des brutes qu’il refuse d’affronter pour éviter de réveiller le monstre vert qui sommeille toujours en lui. En perpétuel mouvement, il débarque dans une ville qui n’est jamais nommée mais qui pourrait très bien être New York. Alors qu’il s’installe dans un hôtel minable, le montage parallèle nous présente l’avocat Aveugle Matt Murdock (Rex Smith, alors popularisé par son rôle de motard justicier dans la série Tonnerre mécanique) ainsi que le maître du crime Wilson Fisk (John Rhys-Davies, le Sallam des Aventuriers de l’arche perdue et d’Indiana Jones et la dernière croisade) qui règne sur la cité sous les atours d’un puissant businessman.

Les trois intrigues s’entrechoquent lorsque deux gangsters embauchés par Fisk pour le cambriolage d’une bijouterie se réfugient dans le métro et s’en prennent à une passagère. Or Banner est dans la même rame. Un dilemme intéressant s’empare de lui : doit-il laisser cette jeune femme se laisser agresser en détournant le regard, ou faut-il qu’il intervienne au risque de laisser Hulk prendre le relais ? C’est bien sûr la deuxième option qui se profile, avec à la clé la fuite des voyous, l’hospitalisation de la passagère et de beaux dégâts dans le métro. Arrêté, Banner est défendu par Matt Murdock qui compte sur son témoignage pour faire tomber Fisk et le mettre derrière les barreaux. Passé le cap de la méfiance, une relation de confiance s’installe entre les deux hommes qui finissent par partager leurs secrets : alors que Banner avoue réveiller malgré lui la furie de Hulk chaque fois qu’il est en colère, Murdock révèle qu’il endosse le soir la panoplie du justicier Daredevil pour lutter contre le crime. Alors que la victime du métro est kidnappée par les hommes de Fisk, le géant vert et « l’homme sans peur » vont unir leurs forces pour tenter de renverser le parrain et son empire du crime…

La justice est aveugle

Le procès que promet le titre n’a lieu que dans une scène de rêve mouvementée où Banner, harcelé par des avocats et un juge, perd ses moyens et se transforme en un Hulk plus colérique que jamais. Stan Lee y apparaît sous les traits d’un juré, premier d’une très longue série de rôles que le cerveau de Marvel tiendra sous forme de clins d’œil jusqu’à la fin de sa vie. Mieux écrit et mieux réalisé que Le Retour de l’incroyable Hulk, ce second téléfilm de la période New World redonne un peu de sa superbe à l’alter-ego de Bruce Banner, coiffé d’une perruque plus seyante que dans l’opus précédent. Fisk lui-même est plutôt bien retranscrit à l’écran. S’il n’est pas chauve et glabre comme dans la bande dessinée, et s’il ne porte jamais son célèbre surnom de Caïd, John Rhys-Davies sait le rendre imposant, charismatique et mégalomane à souhait, juché dans une tour qui surplombe la cité, les yeux rivés sur des écrans de contrôle qui le rendent quasiment omniscient. Même Matt Murdock s’en sort relativement bien – en tout cas mieux que son prédécesseur Thor. Rex Smith lui donne corps avec conviction et les origines du personnage telles qu’elles sont narrées à Banner sont en tout point conformes au comics créé par Stan Lee et Steve Ditko. On s’étonnera que les deux associés de l’avocat aveugle ne soient pas Foggy Nelson et Karen Page, comme dans la bande dessinée, mais deux remplaçants insipides nommés Al Pettiman (Richard Cummings Jr.) et Christa Klein (Nancy Everhard). On regrettera surtout que le costume du super-héros ne soit qu’un justaucorps noir banal (sans logo DD ni cornes) au lieu de la panoplie écarlate originale. Comme Thor, Daredevil n’aura pas droit à la série TV que New World lui destinait dans la foulée de ce téléfilm. Il faudra attendre 2015 pour que le justicier réapparaisse avec panache sur un petit écran, à l’occasion de la remarquable série créée par Drew Goddard.

 

© Gilles Penso

 

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