THE MANSON FAMILY (2003)

Une sorte de docu-fiction expérimental qui aborde sans tabous les excès de la secte meurtrière menée par le plus sordide des gourous

THE MANSON FAMILY

 

2003 – USA

 

Réalisé par Jim Van Bebber

 

Avec Marcelo Games, Marc Pitman, Leslie Orr, Maureen Allisse, Amy Yates, Jim Van Bebber, Tom Burns, Michelle Briggs

 

THEMA TUEURS

Cinéaste underground natif de l’Ohio, Jim Van Bebber s’est fait connaître par une poignée de courts et de longs-métrages produits avec les moyens du bord, dans des conditions semi-professionnelles. Distribué à une plus vaste échelle, The Manson Family est un peu l’œuvre de sa vie. Commencé au milieu des années 80 sous le titre provisoire Charlie’s Family, ce film troublant à mi-chemin entre le reportage, la reconstitution hyperréaliste et le documentaire, ne fut achevé qu’une vingtaine d’années plus tard. Tout autre cinéaste aurait lâché l’affaire en cours de route, déprimé par son incapacité à boucler son tournage faute de moyens. Mais Van Bebber transforme le handicap en avantage. Ainsi les comédiens qui jouent les protagonistes du drame réapparaissent-ils deux décennies plus tard, sous des traits naturellement vieillissants, pour témoigner des horreurs passées face à une fausse caméra de reporter. Le réalisme obtenu est imparable. The Manson Family s’intéresse donc au sinistre Charles Manson, ancien détenu, musicien raté et hippie mystique, qui fonda à la fin des années 60 « la famille », une communauté prônant l’amour libre, puis le culte de la peur, et enfin le meurtre gratuit et sanglant.

Les abominations du gourou et de sa secte atteignirent leur point culminant lors de l’assassinat de l’actrice Sharon Tate, alors épouse de Roman Polanski et enceinte de plusieurs mois, ainsi que de quatre de ses amis. Trois autres meurtres furent commis par « la famille » dès le lendemain, avant que la police ne démantèle la secte et n’emprisonne à vie Charles Manson. S’il s’octroie toutes les libertés artistiques qu’il juge nécessaires, Jim Van Bebber colle de près aux événements tels qu’ils furent rapportés par les différents témoins, et surtout à l’imagerie de l’époque, grâce à des prises de vues brutes et granuleuses qu’on jurerait issues des années 60/70. Le film commence en 1996 et raconte le projet d’un documentaire consacré à Manson, à l’initiative du journaliste Jack Wilson (Carl Day). Ce prétexte permet d’alterner les reconstitutions de 1969 (en 16 mm) et les « interviews » des survivants dans les années 80 (en vidéo), par le biais d’un montage extrêmement minutieux.

Orgies sanglantes

Ne reculant devant aucun tabou, Van Bebber filme des séquences d’orgie impensables, Manson (Marcelo Games) et ses adeptes s’ébattant nus dans la campagne, buvant le sang d’un animal égorgé et s’en enduisant le corps, s’accouplant dans toutes les positions imaginables, tandis que le gourou prend des allures de diable cornu et grimaçant aux yeux de ses « frères » passablement défoncés. La descente aux enfers de la communauté est progressive et insidieuse. La fraternité bon enfant se laisse peu à peu contaminer par d’étranges idées. On y parle de philosophie raciale, on commet des cambriolages nocturnes, on apprend à manier le couteau, la haine s’insinue. Et puis survient le premier meurtre, choquant par sa crudité. Les épouvantables scènes de massacre qui s’ensuivent sont à la limite du supportable. Le sang, les hurlements, l’hystérie envahissent l’écran, et Van Bebber achève son film sur une note fort peu rassurante, laissant sur le carreau des spectateurs pas vraiment préparés à un spectacle aussi déstabilisant.

 

© Gilles Penso

 

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