Cinéaste underground natif de l’Ohio, Jim Van Bebber s’est fait connaître par une poignée de courts et de longs-métrages produits avec les moyens du bord, dans des conditions semi-professionnelles. Distribué à une plus vaste échelle, The Manson Family est un peu l’œuvre de sa vie. Commencé au milieu des années 80 sous le titre provisoire Charlie’s Family, ce film troublant à mi-chemin entre le reportage, la reconstitution hyperréaliste et le documentaire, ne fut achevé qu’une vingtaine d’années plus tard. Tout autre cinéaste aurait lâché l’affaire en cours de route, déprimé par son incapacité à boucler son tournage faute de moyens. Mais Van Bebber transforme le handicap en avantage. Ainsi les comédiens qui jouent les protagonistes du drame réapparaissent-ils deux décennies plus tard, sous des traits naturellement vieillissants, pour témoigner des horreurs passées face à une fausse caméra de reporter. Le réalisme obtenu est imparable. The Manson Family s’intéresse donc au sinistre Charles Manson, ancien détenu, musicien raté et hippie mystique, qui fonda à la fin des années 60 « la famille », une communauté prônant l’amour libre, puis le culte de la peur, et enfin le meurtre gratuit et sanglant.