LA BÊTE DE LA CAVERNE HANTÉE (1959)

Des gangsters voient l’organisation de leur cambriolage bouleversée par le surgissement d’un monstre antédiluvien…

BEAST FROM HAUNTED CAVE

 

1959 – USA

 

Réalisé par Monte Hellman

 

Avec Michael Forrest, Frank Wolff, Sheila Carol, Wally Campo, Richard Sinatra, Linné Ahlstrand, Kay Jennings, Chris Robinson

 

THEMA ARAIGNÉES

Trente-six ans avant Une nuit en enfer, le film de gangsters et le film de monstres s’entrechoquaient déjà dans La Bête de la caverne hantée, un pur produit Roger Corman des années 50. Monte Hellman, qui dirigeait là son premier long-métrage, allait d’ailleurs être le producteur exécutif de Reservoir Dogs après que Quentin Tarantino ait un temps envisagé de lui en confier la réalisation. Dans une station de ski du Dakota, l’autoritaire chef de gang Alexander Ward (Frank Wolff), sa secrétaire/maîtresse portée sur la bouteille Gypsy Boulet (Sheila Carol) et ses deux hommes de main, le séducteur Marty Jones et le jovial Byron Smith (Richard Sinatra et Wally Campo), préparent le cambriolage d’une banque dont les coffres sont emplis de lingots d’or. Afin d’agir en toute tranquillité, ils ont prévu de détourner l’attention de la population et des autorités en dynamitant une vieille mine désaffectée à quelques kilomètres de leur forfait. Il ne leur restera plus alors qu’à atteindre un chalet isolé en pleine montagne, guidés par le moniteur de ski Gil Jackson (Michael Forest) auprès duquel ils se font passer pour des touristes, puis à attendre l’avion qui les transportera au Canada. A l’exception de la mort imprévue d’un ouvrier qui se trouvait sur les lieux de l’explosion, le plan semble marcher comme sur des roulettes. Mais en faisant sauter la mine, nos gangsters ont déclenché la fureur d’un monstre antédiluvien qui y sommeillait et qui les traque désormais jusque dans leur repaire.

Soucieux d’échapper un peu aux conventions du genre, Monte Hellman s’efforce de donner une épaisseur inattendue aux protagonistes, notamment à travers une série de saynètes dialoguées indépendantes de l’intrigue principale. Les héros y discourent innocemment de leurs rêves, de leurs ambitions, de leurs états d’âme. Un personnage tout à fait inutile au récit, la sœur de Gil, a même droit à une séquence entière au cours de laquelle Marty s’efforce de la séduire. Les intentions du réalisateur et de son scénariste Charles B. Griffiths sont bonnes (ce dernier recyclant au passage beaucoup d’éléments du script qu’il écrivit pour Naked Paradise), mais les personnages demeurent désespérément archétypaux et leurs relations pour le moins basiques. C’est d’autant plus dommage que, pour une fois, nous échappons aux lieux communs habituels en pareil contexte, tel le brave soldat face auquel se pâme la jolie fille d’un vénérable savant.

Une araignée géante bipède

Le monstre lui-même, conçu et interprété par Chris Robinson, est une curiosité insaisissable, qu’on pourrait définir comme une sorte d’araignée géante couverte d’un pelage simiesque et qui n’aurait que deux pattes au lieu de huit ! S’agitant maladroitement en surimpression le temps d’une poignée de plans furtifs, elle nous apparaît enfin dans toute sa « splendeur » au cours d’un climax qui évoque celui de L’Attaque des crabes géants. Tous nos protagonistes se retrouvent ainsi dans une grande caverne sinistre où le monstre emprisonne ses victimes humaines dans des cocons de toile visqueuse et entreprend tranquillement de leur sucer le sang. L’incontournable mise à mort de la bête et le réglage à la dernière minute de toutes les intrigues et sous-intrigues sont expédiés en trois coups de cuiller à pot par un scénario refusant définitivement de faire dans la finesse. Producteur malin et avisé, Roger Corman profita des décors et d’une partie du casting pour tourner dans la foulée le film de guerre Ski Troop Attack. En revanche, la séquelle de La Bête de la caverne hantée, qui était sérieusement envisagée, ne vit jamais le jour.

 

© Gilles Penso

 

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