LA FIANCÉE DE DRACULA (2002)

Jean Rollin se réapproprie le mythe créé par Bram Stoker en transformant Brigitte Lahaie en femme vampire…

LA FIANCÉE DE DRACULA

 

2002 – FRANCE

 

Réalisé par Jean Rollin

 

Avec Cyrille Iste, Jacques Régis, Thomas Desfossé, Sandrine Thoquet, Brigitte Lahaie, Nathalie Perrey, Denis Tallaron

 

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA JEAN ROLLIN

Nous sommes au tout début des années 2000 et rien ne semble alors pouvoir entamer la détermination de Jean Rollin. A soixante-deux ans, l’opiniâtre réalisateur continue envers et contre tous à mettrre en scène des films de vampire dans un hexagone plus porté sur les bonnes grosses comédies familiales que sur les contes fantastico-érotiques. Et si La Fiancée de Dracula s’intéresse vaguement au héros imaginé par Bram Stoker, ce n’est bien sûr qu’un prétexte pour mettre en scène de nouvelles créatures femelles suceuses de sang, le comte transylvanien ne faisant ici que de très brèves apparitions sous les traits impassibles de Thomas Desfossé. Un Van Helsing du pauvre (Jacques Régis) et son jeune assistant Eric (Denis Tallaron) se mettent ainsi en quête de Dracula pour faire cesser ses agissements. Ils échouent dans un couvent ayant recueilli l’étrange Isabelle (Cyrille Iste) depuis qu’elle est enfant. Mais la jeune femme est envoûtée par le seigneur des ténèbres, et sa folie s’est peu à peu communiquée à ses consœurs. Du coup, celles-ci rient stupidement, se coiffent d’entonnoirs, exhibent leurs fesses ou s’adonnent à d’improbables danses gitanes ! Un soir, Isabelle échappe à la vigilance de ses sœurs et se dirige comme une somnambule vers l’île où repose le corps de Dracula, gardé par des sœurs de l’Ordre de la Vierge Blanche.

Le cinéaste démontre une fois de plus son goût pour les visions surréalistes : dans la cour d’un château, un nain habillé en bouffon ouvre un cercueil duquel surgit une jeune fille qui tire aussitôt d’un violon une mélodie mélancolique, tandis que Brigitte Lahaie, tout de rouge vêtue, monte fièrement un cheval à proximité. Plus tard, d’autres spectacles bizarres s’offrent à nos yeux, comme ces squelettes en tenues pontificales assis devant un échiquier et gardant le seuil d’une entrée secrète, ou encore ces horloges servant de passage entre le monde des vivants et celui des morts (une idée déjà présente dans Le Frisson des vampires). Se réappropriant la figure imposée des trois femmes de Dracula, Rollin imagine un trio pour le moins inhabituel : « la louve » (Lahaie), une maîtresse de cérémonie censée sacrifier des nonnes à son maître, « l’ogresse » (Magalie Aguado) qui se nourrit de la chair des bébés, et « la vampire » (Sandrine Thoquet), une femme au visage livide nue sous sa robe de nuit diaphane.

La louve, l’ogresse et la vampire

A l’exception de quelques maladroits effets gore (un vieil homme transperce la poitrine d’une des sœurs à sacrifier et en extrait le cœur encore palpitant) et d’une pincée d’érotisme blasphématoire (Brigitte Lahaie avale langoureusement un crucifix puis embrasse avec gourmandise la bouche ensanglantée de « la vampire »), La Fiancée de Dracula est plus sage que les œuvres précédentes de son auteur, voire presque académique. Au cours du climax, Rollin ne peut s’empêcher de revenir inlassablement sur « les lieux du crime », autrement dit l’indéboulonnable plage de Pourville-Les-Dieppe, où il livre à la furie des vagues une Isabelle portant pour tout vêtement un linceul parfaitement transparent, orné d’une poignée de fleurs dissimulant sans conviction sa nudité. Encombré d’acteurs amateurs et de dialogues risibles, comme à l’accoutumée, La Fiancée de Dracula se pare en revanche de très beaux décors naturels et d’une photographie plutôt soignée.

 

© Gilles Penso

 

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