LE FRISSON DES VAMPIRES (1970)

Le troisième film de vampires de Jean Rollin met en scène une séductrice aux dents longues, deux émules de Van Helsing et un couple en lune de miel

LE FRISSON DES VAMPIRES

 

1970 – FRANCE

 

Réalisé par Jean Rollin

 

Avec Jean-Michel Durand, Jacques Robiolles, Sandra Julien, Michel Delahaye, Marie-Pierre Castel, Kuelan Herce, Nicole Nancel

 

THEMA VAMPIRES I SAGA JEAN ROLLIN

Visiblement content de son Viol du vampire et de sa Vampire nue, Jean Rollin continue d’enfoncer le clou en 1970 via ce Frisson des vampires s’amusant une fois de plus à mêler érotisme et vampirisme avec une maladresse qui en devient presque touchante. La caméra du vaillant cinéaste s’attarde cette fois-ci sur Anthony et Isa, un couple en pleine lune de miel qui fait une escale dans le château médiéval où habitent les deux cousins de la jeune mariée. Là, les amoureux apprennent avec stupeur que les deux hommes viennent d’être enterrés. A peine remise de ses émotions, Isa fait alors connaissance en pleine nuit d’Isolde, une femme vampire qui entreprend de la séduire. Bientôt, les deux cousins ressortent de leur tombe, vampirisés eux aussi par Isolde. On retrouve là toutes les constantes de l’auteur : de gentillettes séquences saphiques, des dialogues invraisemblables déclamés de façon fort théâtrale, et des moments surréalistes parfaitement gratuits. Parmi ces derniers, on retiendra en particulier la jeune femme qui se rend au cimetière en tenue de mariée, la maléfique Isolde qui surgit nuitamment d’une vieille horloge, ou encore Isa qui suce le sang d’un pigeon puis pose sa dépouille sur un cercueil au pied d’un château.

Sans parler des scènes tellement absurdes qu’elles en deviennent hilarantes, comme lorsque le jeune marié est attaqué par des livres dans une bibliothèque. Le pauvre comédien s’agite comme il peut pour nous faire sentir son angoisse, les accessoiristes jettent devant la caméra tous les ouvrages qui leur tombent sous la main, la caméra tremble, et le spectateur, lui, est secoué de rires peu charitables, certes, mais bien mérités au beau milieu de ce récit soporifique. Il y a bien quelques valeurs sûres dans Le Frisson des vampires, notamment l’éternelle photogénie des cimetières nocturnes et embrumés, ou l’indéniable charme de la jeune héroïne, interprétée par Sandra Julien, dont le manque de pudeur passe pour de la générosité aux yeux d’un public esthète. Mais est-ce suffisant pour soutenir l’attention une heure et demie durant ?

Dupond et Dupont chez les vampires

Hélas non, d’autant que les comédiens s’avèrent par ailleurs assez calamiteux. Notamment les deux cousins morts, ex-chasseurs de vampires devenus des suceurs de sang malgré eux, incarnés sans une once de subtilité par Michel Delahaye et Jacques Robiolles. Sortes de Dupond et Dupont qui se chamaillent ridiculement, l’un achevant les phrases de l’autre, ils passent le plus clair du film à disserter nébuleusement sur les fondements du christianisme, les messes noires, les religions païennes et les dieux égyptiens. Et que dire du personnage d’Isolde, une femme vampire hideuse et squelettique dont on comprend mal où réside son charme surnaturel ? Surtout si on s’amuse à la comparer à Ingrid Pitt, qui fut une suceuse de sang autrement plus gironde dans le Vampire Lovers de la Hammer sorti sur les écrans la même année. Au titre des idées originales mais sous-exploitées, on se souviendra des pointes acérées qui ornent soudain les seins d’Isolde et rendent ses étreintes fatales. Accompagné par une musique pop hors sujet signée par l’obscur groupe Acanthus, Le Frisson des vampires demeure donc une œuvre pour le moins mineure, même au regard du reste de la filmographie de Jean Rollin.

 

© Gilles Penso

 

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