LES CHATS DU DIABLE (1977)

Les félins se révoltent violemment contre les humains dans ce film à sketches au casting prestigieux

THE UNCANNY

 

1977 – CANADA

 

Réalisé par Denis Héroux

 

Avec Donald Pleasence, Peter Cushing, Ray Milland, Joan Greenwood, Samantha Eggar, Alexandra Stewart

 

THEMA MAMMIFÈRES

Le projet des Chats du diable est né à l’initiative de l’écrivain et scénariste Michel Parry. Auteur d’une série de nouvelles réunies sous le recueil « Beware the cat », il propose au producteur Milton Subotsky de les adapter à l’écran. Subotsky semble le choix idéal, puisqu’il fut le co-fondateur de la compagnie Amicus, spécialisée dans les films d’épouvantes à sketches. Mais le producteur n’est pas convaincu par les nouvelles et suggère plutôt à Parry d’écrire trois histoires originales sur le même thème, tandis qu’il veille à un montage financier international aux côtés des Canadiens René Dupont et Claude Héroux. Et c’est le frère de ce dernier, Denis Héroux, qui hérite de la mise en scène. Hélas, la structure de film à sketches, qui sied souvent très bien à l’épouvante concise, semble ici servir de prétexte à un certain laxisme, malgré la présence d’un casting pour le moins prestigieux réuni grâce au carnet d’adresse de Subotsky. Car les trois histoires racontées dans Les Chats du diable, étalées chacune sur près d’une demi-heure, souffrent de longueurs souvent inutiles et d’un rythme très languissant. Le fil conducteur est assuré par Wilbur Gray, un écrivain montréalais excentrique interprété par Peter Cushing, qui rend visite à son éditeur Frank Richards (Ray Milland) pour lui proposer son dernier manuscrit, témoin du complot tramé selon lui par les chats contre l’humanité. L’éditeur, guère convaincu, écoute l’écrivain lui raconter trois anecdotes particulièrement significatives quant à la menace que peuvent représenter les chats…

Le premier segment, au scénario assez classique, se situe dans l’Angleterre de 1912 et s’inspire apparemment des Oiseaux d’Alfred Hitchcock dans sa manière de montrer les attaques animales. Par cupidité, et sous l’influence de son petit ami Michael (Simon Williams), la jeune servante Janet (Susan Penhaligon, héroïne du Sixième continent) étouffe sous un coussin sa patronne Miss Malkin (Joan Greenwood), une femme affaiblie par la vieillesse et la maladie, et qui entretient tout autour d’elle une véritable « cour » de chats. Ces derniers ne laisseront pas le crime impuni… La seconde histoire, situé au Québec dans les années 70, est celle de Joan Blake (Alexandra Stewart), une mère obsédée par l’ordre et la propreté de sa maison, qui adopte sa nièce orpheline Lucy (Katrina Holden), laquelle amène avec elle son chat Wellington et quelques manuels de sorcellerie… Ce sketch bénéficie d’idées originales et d’un dénouement très surprenant, gâché hélas par la piètre qualité des effets spéciaux visuels. On y voit en effet la jeune sorcière faire rapetisser sa très jalouse sœur d’adoption Angela (Chloe Franks), laquelle est menacée par le chat devenu géant comme dans L’Homme qui rétrécit

Les griffes de l’ennui

Le dernier sketch, probablement le plus réussi, joue la carte de l’humour noir et nous montre le tournage d’une copie de La Chambre des tortures de Roger Corman, mettant en scène un Donald Pleasence savoureusement surexcité. Celui-ci incarne en effet Valentine De’ath, un comédien spécialisé dans les films fantastiques. Soucieux d’introniser dans sa demeure sa jeune partenaire Edina (Samantha Eggar), il supprime son épouse sous le couvert d’un accident de tournage, et sous les yeux du chat de la famille… Dommage que l’ensemble du métrage (les trois sketches plus le fil conducteur) manque tant de rigueur, car il y avait là matière à bien des réjouissances. Subotsky lui-même regrettera la mise en scène selon lui bâclée de Denis Héroux et sa photographie peu soignée. Le réalisateur et le producteur auront d’ailleurs du mal à s’accorder sur le montage, le second reprochant au premier de ne pas avoir filmé suffisamment de plans de coupe et de s’être contenté de prises approximatives. C’est d’autant plus dommage que Les Chats du diable marchait volontairement sur la trace des films d’anthologie du studio Amicus (Le Train des épouvantes, Le Jardin des tortures, Histoires d’outre-tombe et consorts). Le film sera étrangement rebaptisé The Cats Killers à l’occasion de sa distribution vidéo en France… avec une jaquette ornée d’une tête de tigre et un slogan imparable : « toutes griffes dehors, ils sont prêts pour la curée finale » !

 

© Gilles Penso

 

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