L’HOMME QUI RETRECIT (1957)

Cette adaptation magistrale d'un roman de Richard Matheson raconte une inexorable miniaturisation qui se mue peu à peu en voyage initiatique

THE INCREDIBLE SHRINKING MAN

1957 – USA

Réalisé par Jack Arnold

Avec Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton, Raymond Bailey, William Schallert

THEMA NAINS ET GEANTS I ARAIGNEES I MAMMIFERES

Jack Arnold est l’un des artisans majeurs de la science-fiction des années 50, et la qualité de ses films de genre est allée crescendo. Après les extra-terrestres du Météore de la nuit (1953), le monstre aquatique de L’Etrange créature du lac noir (1954) et l’effrayante araignée géante de Tarantula (1955), L’Homme qui rétrécit aura été le point culminant de sa carrière. Le scénario, écrit par Richard Matheson d’après un roman qu’il publia l’année précédente, repose sur une idée toute simple qui n’aurait pas détonné dans un épisode de La Quatrième dimension, ce qui ne surprend guère lorsqu’on sait que Matheson fut l’un des collaborateurs réguliers de la série culte de Rod Serling. Tout commence sur un yacht, lorsque Scott Carey (Grant Williams), en vacances avec sa femme Louise (Randy Stuart), traverse un nuage étrange. A son retour, il constate que sa taille diminue et consulte de grands savants. L’un deux arrête pour quelque temps cette décroissance. Soigné avec dévouement par Louise, il trouve une consolation passagère auprès d’une charmante naine, Clarice (April Kent). Mais sa taille recommence bientôt à diminuer. Réfugié provisoirement dans une maison de poupées, il est attaqué par le chat de la maison et tombe dans la cave. Là, il lutte contre une araignée, puis passe à travers une plaque d’aération et se retrouve enfin libre. Mais que va-t-il devenir désormais ?

Le postulat peut sembler rudimentaire, mais le soin que Richard Matheson et Jack Arnold ont mis à accentuer le drame humain plutôt que le fantastique fait toute la force du film. Comme dans bien des récits de Matheson, le spectateur en vient à se poser la question cruciale : « Et si ça m’arrivait ? » Arnold, pour sa part, a accru davantage l’identification du spectateur à son héros en focalisant toute l’action sur lui, évitant toute intrigue secondaire et parallèle. La scène de suspense dans laquelle Louise et son frère se rendent dans la cave pour réparer une fuite d’eau, ignorant que le minuscule Scott les appelle en vain pour qu’ils viennent le chercher, fait atteindre au spectateur les sommets de son implication.

Combat contre un chat et une araignée

Les premières étapes de la métamorphose sont servies par des images simples mais extrêmement efficaces : les radios du crâne de Scott, de plus en plus petites, ou le malheureux protagoniste assis dans un fauteuil soudain trop grand pour lui. Puis les magnifiques effets visuels de Clifford Stine (Les Survivants de l’infiniTremblement de terre) prennent le relais : décors surdimensionnés, incrustations, perspectives forcées, le tout réalisé avec un effarant réalisme, tant et si bien que tous les trucages se font rapidement oublier. Les scènes les plus mémorables du film sont les affrontements du héros avec le chat et l’araignée, une tarentule géante un peu irréaliste (même minuscule, qu’est-ce qu’une tarentule viendrait faire dans la cave ?) mais réellement terrifiante, qui semble faire écho à celle de Tarantula. Comme dans le roman, le dénouement du film est on ne peut plus ouvert, jouant sur les lois de la relativité et offrant au spectateur le soin d’imaginer la suite de l’incroyable destin de Scott Carey.

 

© Gilles Penso

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