MOTEL (2007)

Un couple au bord de la rupture est obligé de faire halte dans un motel qui sert de lieu de tournage à des films d’horreur… sans trucages !

VACANCY

 

2007 – USA

 

Réalisé par Nimrod Antal

 

Avec Kate Beckinsale, Luke Wilson, Frank Whaley, Kevin Dunigan, Andrew Fiscella, Dale Waddington Horowitz, Kym Stys

 

THEMA TUEURS

Dès le générique de début, qui semble emprunter son style à ceux de Saul Bass, Motel emporte l’adhésion, porté par une partition nerveuse évocatrice des travaux de Bernard Herrmann. Alfred Hitchcock est donc cité d’emblée, et le motel du titre nous renvoie évidemment à Psychose, mais bien vite Nimrod Antal s’extrait de l’ombre immense du maître du suspense pour révéler son propre style et son remarquable savoir-faire. En panne de voiture, David (Luke Wilson) et Amy (Kate Beckinsale), un jeune couple au bord du divorce, se retrouvent obligés de passer la nuit dans un motel miteux éloigné de tout. Entre deux scènes de ménage dans l’exiguïté de leur chambre sinistre, ils découvrent des cassettes vidéo montrant plusieurs meurtres violents commis exactement à l’endroit où ils se trouvent. D’abord perplexes, David et Amy finissent par se persuader que le réalisme extrême des scènes filmées n’est pas obtenu avec des effets spéciaux. Les meurtres qu’ils voient sur leur téléviseur sont bel et bien réels, et s’ils ne réagissent pas, ils seront très bientôt les vedettes du prochain film d’horreur du tenancier du motel…

Tourné avec une belle économie de moyens, dans des décors édifiés au sein des studios de Sony, Motel repose quasi-exclusivement sur la minutie de son scénario, la perfection de sa mise en scène (le découpage et le montage sont au cordeau) et l’extrême conviction de ses comédiens, dans des registres à contre-courant de leur filmographie habituelle. Car Luke Wilson et Kate Beckinsale échappent ici au registre auquel ils nous ont habitué, respectivement celui de l’anti-héros comique et de la super-héroïne intrépide, pour camper des protagonistes réalistes, humains, au sein d’un couple en pleine reconstruction après un drame passé. Avec beaucoup d’ingéniosité, Nimrod Antal sépare souvent ses deux protagonistes à l’écran, jouant sur la composition de ses cadrages et sur les reports de point, pour mieux les rapprocher au fil de l’intrigue, métaphore visuelle de leurs retrouvailles affectives.

Mortel motel

Si le concept de Motel est d’une extrême simplicité, l’intelligence et l’efficacité du traitement sont indéniables. Chaque cliché inhérent au genre est ainsi contourné à la dernière minute. On pense beaucoup à Ils, notamment dans les premières séquences au cours desquelles nos héros sont terrifiés par des agresseurs extérieurs très bruyants mais encore invisibles. La thématique du snuff movie donne cependant au récit un autre dimension, transformant même les spectateurs en voyeurs dans ce plan mémorable où le couple, assis par terre dans sa chambre, se tourne lentement vers nous, tandis que l’image devient celle d’un moniteur vidéo dans la salle de montage du propriétaire du motel. Autre excellente idée visuelle : l’électricité coupée par intermittence dans la chambre, provoquant la diffusion des extraits sanglants par saccades terrifiantes sur l’écran du téléviseur. Bien sûr, quelques incohérences et quelques raccourcis hasardeux parsèment le récit, notamment au moment d’un dénouement franchement ballot. Mais à cette réserve près, le film est une indéniable réussite, puisant sa force dans une vraie construction dramatique et des personnages dignes de ce nom.

 

© Gilles Penso

 

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