LE DERNIER WEEK-END (2011)

Trois collègues de travail vont mettre leur amitié à l’épreuve le temps d’un week-end de détente qui vire au cauchemar

EL ÚLTIMO FIN DE SEMANA

 

2011 – ESPAGNE

 

Réalisé par Norberto Ramos del Val

 

Avec Irene Ubio, Alba Messa, Silma López, Nacho Rubio, Marián Aguilera, Javier Albalá, Jorge Anegón

 

THEMA TUEURS I EXTRA-TERRESTRES

Le Dernier week-end est le troisième long-métrage de Norberto Ramos del Val, après son thriller policier Muertos comunes et le pilote d’une série inachevée baptisée Hienas. Réalisateur de nombreux courts-métrages, le cinéaste opiniâtre sait que son univers se prête mal aux financements officiels et aux compagnies de production argentées. Il décide donc de persister dans le domaine du cinéma indépendant en autoproduisant avec les moyens du bord Le Dernier week-end, une fausse comédie légère qui bascule sans préavis dans l’horreur puis dans la science-fiction. Le film est co-écrit avec Javier Sánchez Donate, les deux hommes gardant toujours en tête le fait que le budget pour porter les mots à l’écran sera anémique. Norberto Ramos del Val embarque donc avec lui un petit groupe de comédiens peu connus, une équipe technique réduite au nombre ridicule de quatre personnes et part s’installer dans les décors naturels de sa Cantabrie natale, dans le nord de l’Espagne, pour un tournage de deux semaines dans des conditions forcément précaires.

Pour fêter sa promotion professionnelle, Diana (Irene Rubio) décide d’inviter ses collègues de travail Lisi (Alba Messa) et Leo (Silma López) le temps d’un week-end de détente dans la maison de sa grand-mère, au fin fond d’un village isolé sur la côte. Les trois amies semblent sur le point de passer un moment joyeux et agréable, mais chacune d’elle cache des failles qui ne demandent qu’à se rouvrir. Le traumatisme que Diana a vécu suite à l’accident de voiture qu’elle a provoqué est encore très vif. Leo, de son côté, souffre de l’emprise d’une mère extrêmement possessive dont elle vient de se séparer au cours d’une altercation très violente. Quant à Lisi, elle cache ses tourments derrière un comportement libertin à la limite de la nymphomanie. C’est d’ailleurs dans l’espoir de passer du bon temps qu’elle greffe à la dernière minute leur collègue Roque (Nacho Rubio) à ce week-end de filles. Le soleil, la plage, l’alcool, tous les ingrédients semblent réunis pour deux jours parfaits. Ce n’est bien sûr qu’un mur de fumée, car les rancœurs, les ressentiments et les petits secrets commencent à affleurer. Puis il y a ces rumeurs sur d’étranges expériences qui seraient menées aux confins du village. L’inquiétude monte d’un cran lorsque Leo voit surgir un homme étrange en bleu de travail qui semble la suivre en silence…

Dans la tradition de l’épouvante espagnole à l’ancienne

Lorsqu’on lui demande de citer ses sources d’inspiration, Norberto Ramos del Val brasse large : John Carpenter, Mario Bava, David Cronenberg, Michael Haneke, Lars Von Trier, et surtout deux de ses compatriotes dont l’influence se ressent de manière plus manifeste dans Le Dernier week-end, Jess Franco et Amando de Ossorio. A ces derniers, il emprunte l’idée de construire une atmosphère insolite et pesante, à confronter l’étrangeté de son récit au naturalisme de ses décors réels et à mêler le fantastique et l’érotisme. Certes, la nudité reste relativement « sage » dans le film, mais les comédiennes ne sont pas avares de leurs charmes et la sexualité (qu’elle soit évoquée par les mots ou par les actes) y occupe une place relativement importante. L’influence de l’épouvante ibérique des années 70 et 80 se reflète aussi dans les choix musicaux du compositeur Nicklas Barker, dont la partition étrange accompagne efficacement le métrage. Mais les très faibles moyens à la disposition de Ramos del Val sautent aux yeux et dotent Le Dernier week-end d’une patine non-professionnelle qui finit par lui porter préjudice. Le rythme est languissant, les dialogues sont envahissants et l’on se demande assez rapidement où cette histoire anecdotique compte bien nous mener. Certes, la tension s’installe durablement et les rebondissements du dernier tiers du film permettent une accélération inespérée du rythme. Mais à trop vouloir tromper les spectateurs sur la tournure que prend leur scénario (Slasher ? Histoire de fantômes ? Récit de science-fiction ?), le réalisateur et son co-auteur prennent le risque de les perdre en chemin. Projeté dans de nombreux festivals, Le Dernier week-end n’a pas eu droit à une distribution digne de ce nom, ce qui explique la confidentialité dans laquelle il est resté cantonné.

 

© Gilles Penso


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