Le chaînon manquant entre le Dracula blafard et théâtral interprété par Bela Lugosi et celui, bestial et séducteur, incarné par Christopher Lee, ne se situe ni aux États-Unis ni en Grande-Bretagne mais au Mexique. Les Proies du vampire assure en effet une transition idéale entre l’épouvante expressionniste d’Universal et l’horreur graphique de la Hammer. Et si le comte vampire qui hante cette œuvre d’exception ne se nomme pas Dracula mais Duval, les références au texte de Bram Stoker sont légion. Ce qui n’empêche pas Fernando Mendez d’opter pour des variantes typiquement locales, comme cette magnifique hacienda embrumée remplaçant au pied levé les châteaux transylvaniens traditionnels. La jeune héroïne Marta (Ariadna Welter) part rendre visite à sa vieille tante malade. Personne n’acceptant de l’accompagner, le sympathique représentant de commerce Enrique (Abel Salazar) propose de faire un bout de chemin avec elle depuis la gare jusque dans le domaine familial, qui s’avère laissé à l’abandon depuis des lustres. Enrique est en réalité un médecin mandé par l’oncle Emilio (Jose Luis Jimenez), et il s’avère que la tâche qui l’attend est ardue, dans la mesure où deux vampires redoutables, se muant en chauves-souris à la nuit tombée, se sont mis en tête de récupérer la hacienda familiale pour y installer leur règne de terreur.