MICHAEL (1996)

John Travolta incarne un ange pas très catholique dans cette comédie poussive de Nora Ephron

MICHAEL

 

1995 – USA

 

Réalisé par Nora Ephron

 

Avec John Travolta, Andie Mac Dowell, Brian Trenchard-Smith, William Hurt, Bob Hoskins, Robert Pastorelli, Jean Stapelton

 

THEMA DIEU, LES ANGES ET LA BIBLE

Avec Nuits blanches à Seattle, Nora Ephron connut un succès colossal, démontrant un réel savoir-faire dans le domaine de la comédie romantique classique, certes, mais très efficace. Avec Michael, elle décida en toute logique de creuser le même sillon, ajoutant à sa recette habituelle un ingrédient fantastique tout en profitant du spectaculaire regain de popularité de John Travolta suite au triomphe de Pulp Fiction. Le film démarre au siège de la rédaction du National Mirror, un grand journal spécialisé dans les scoops grotesques et dirigé par Vartan Malt, un rédacteur en chef bougon et irascible qu’interprète avec beaucoup d’énergie Bob Hoskins. Après avoir reçu la lettre d’une vieille dame prétendant avoir accueilli un ange sous son toit, Malt envoie sur place trois de ses employés : le reporter blasé Frank Quinlan (William Hurt), son bras droit Huey Driscoll (Robert Pastrorelli) et la nouvelle venue Dorothy Winters (Andie McDowell) qui affirme être une spécialiste des anges pour pouvoir décrocher un job auprès du journal.

Voici donc nos trois journalistes en partance pour l’Iowa, en compagnie de la mascotte du National Mirror, un mignon chien chien qui pose généralement sur toutes les photos à la une. Une fois sur place, ils font connaissance avec leur vénérable correspondante, Pansy Milbank (Jean Stapelton), et avec son locataire Michael (John Travolta), qui présente effectivement la particularité de posséder une grande paire d’ailes fixées sur son dos. Évidemment, le trio croit immédiatement à un canular, d’autant que l’ange en question n’a rien d’un saint, comme le précise le slogan du film, mais après le décès prématuré de Pansy, ils vont devoir se rendre à l’évidence : Michael semble bien venir des cieux. Étant donné qu’il refuse de se faire photographier sur place, ils vont devoir le ramener en voiture jusqu’au siège du journal. Peu à peu, il semble que sa présence parmi eux n’est pas due au hasard, et qu’il poursuit un objectif bien précis…

Les ailes du délire

Le principal moteur comique du film repose sur le contraste entre l’image de l’ange traditionnel et ce personnage trivial qui fume, boit, est fâché avec l’hygiène, joue des poings et court volontiers la gueuse. L’idée peut faire sourire une minute ou deux, mais sur une heure et demie de métrage, c’est franchement léger. D’autant que le scénario fixe très vite ses limites, étirant à l’excès une trame transparente et la diluant sous forme d’un road movie sans saveur. Quant à Travolta, il semble en totale roue libre, cabotinant à outrance jusqu’à rendre pénibles toutes les séquences qui le mettent en vedette. Nora Ephron collectionne ainsi les saynètes anecdotiques et parfaitement gratuites sans le moindre souci d’une quelconque construction dramatique. Passées deux ou trois bagarres de saloon, une chansonnette poussée par Andie McDowell et quelques pas de danse amorcés par Travolta, le film ne sait finalement plus quoi raconter et s’achève donc sur une chute que tout le monde voyait venir à mille lieues à la ronde, sacrifiant du même coup à un extrême classicisme que ses allures pseudo-comiques s’efforçaient de masquer de prime abord. Quel dommage de gâcher un aussi beau casting pour un film aussi peu palpitant.

 

© Gilles Penso


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