Théma DIEU, LES ANGES, LA BIBLE

« Dieu a créé l’homme. Et ensuite, pour le remercier, l’homme a créé Dieu. »
Philippe Geluck, Entrechats

Au-delà de leur caractère religieux et spirituel, les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament regorgent d’éléments purement fantastiques dignes de la plus folle des mythologies : un Créateur Tout-Puissant qui jouit de l’immortalité et de l’omniprésence, des anges ailés qui lui servent de messagers, des êtres doués de pouvoirs surnaturels, des miracles, des monstres, d’étranges créatures, des animaux doués de parole… L’univers biblique foisonne de visions apocalyptiques, de métamorphoses, d’apparitions spectrales et de châtiments divins aussi terrifiants que spectaculaires, à faire pâlir bien des récits épiques de la Grèce antique ou des sagas nordiques. Il était donc logique que le cinéma fantastique s’empare de cette imagerie pour l’intégrer dans ses œuvres, soit pour tenter des reconstitutions « fidèles » des récits bibliques (Les Dix Commandements, Samson et Dalila, La Bible, Exodus : Gods and Kings, Marie), soit pour transporter les figures clés de ces écrits dans un cadre contemporain (La Vie est belle, Les Ailes du désir).

 

D’autres œuvres jouent la carte du merveilleux biblique, à l’instar de The Tree of Life de Terrence Malick, qui convoque la Genèse et l’expérience mystique pour composer un récit métaphysique où la figure divine reste invisible mais omniprésente. Mentionnons aussi les films qui détournent la pratique religieuse pour la muer en vecteur de cauchemar folklorique, comme le mythique The Wicker Man ou le plus récent Midsommar. Sans compter les nombreuses digressions comiques et parodiques ayant accommodé Dieu, les anges et la Bible à toutes les sauces, comme La Vie de Brian, La Folle Histoire du Monde, Dogma ou Bruce Tout-Puissant. À travers ces multiples variations, la Bible devient un réservoir inépuisable d’images, de symboles et de personnages qui permettent au cinéma de questionner ses spectateurs sur les notions de Bien et de Mal, le destin, le sacrifice ou encore la foi. Qu’elle soit prise au pied de la lettre, revisitée avec irrévérence ou réinventée comme une mythologie moderne, elle continue d’alimenter l’imaginaire collectif, et de nourrir le genre fantastique de visions aussi troublantes que grandioses.

FILMS CHRONIQUÉS
1923: Les Dix commandements de Cecil B. De Mille

1946: La Vie est belle de Frank Capra

1949: Samson et Dalila de Cecil B. De Mille

1956: Les Dix commandements de Cecil B. De Mille

1962: Le Diable et les dix commandements de Julien Duvivier

1966: La Bible de John Huston
1973: The Wicker Man de Robert Hardy
1973: La Montagne Sacrée d’Alejandro Jodorowsky

1975: Sacré Graal de Terry Gilliam et Terry Jones

1979: La Vie de Brian de Terry Jones

1980: Résurrection de Daniel Petrie

1981: Les Aventuriers de l’Arche Perdue de Steven Spielberg

1983: Adam et Eve contre les cannibales d’Enzo Doria et Luigi Russo

1985: Train express pour l’enfer de J. Schlossberg-Cohen, J. Carr, P. Marshak, T. McGowan et G. C. Tallas

1987: Les Ailes du désir de Wim Wenders

1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade de Steven Spielberg

1990: Always de Steven Spielberg

1993: Si loin, si proche de Wim Wenders

1995: Les Anges gardiens de Jean-Marie Poiré

1995: Michael de Nora Ephron

1995: Prophecy de Gregory Widen

1997: Une vie moins ordinaire de Danny Boyle

1998: La Cité des anges de Brad Siberling

1998: Que la lumière soit d’Arthur Joffé

1999: Babel de Gérard Pullicino
1999: Dogma de Kevin Smith

1999: Stigmata de Rupert Wainwright

2000: Au commencement de Kevin Connor

2001: Emprise de Bill Paxton

2001: Les Rois Mages de Didier Bourdon et Bernard Campan

2003: Bruce tout-puissant de Tom Shadyac

2005: Angel-A de Luc Besson
2006: The Wicker Man de Neil La Bute

2014: Exodus : Gods and Kings de Ridley Scott

2014: Noé de Darren Aronofsky

2017: Mother! de Darren Aronofsky

2019: Midsommar d’Ari Aster

2019: Saint Maud de Rose Glass

2021: Benedetta de Paul Verhoeven

2024: Immaculée de Michael Mohan

2024: Marie de D.J. Caruso

2024: Heretic de Scott Beck et Bryan Woods