RAWHEAD REX, LE MONSTRE DE LA LANDE (1986)

Dans cette adaptation à petit budget d’une nouvelle de Clive Barker, un démon au faciès carnassier surgit dans la campagne irlandaise…

RAWHEAD REX

 

1986 – IRLANDE

 

Réalisé par George Pavlou

 

Avec David Dukes, Kelly Piper, Cora Lunny, Ronan Wilmot, Niall Toibin, Niall O’Brien, Heinrich von Schellendorf

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

La nouvelle « Rawhead Rex » de Clive Barker est publiée une première fois dans le tome 3 des « Livres de sang » en 1984 (le recueil portera le titre de « Confession d’un linceul » pour l’édition française). L’écrivain, pas encore porté aux nues par le succès d’Hellraiser, accepte les propositions de petites productions aux maigres ambitions pour porter à l’écran ses écrits. Ainsi, dans la foulée de l’anecdotique Transmutations dont il avait écrit le scénario, il se livre une fois de plus à l’exercice pour le même réalisateur (George Pavlou), sous l’égide de la compagnie Empire Pictures de Charles Band. Le budget étant ridicule et les délais étriqués, le passage du texte au film doit se heurter à de nombreuses concessions. Le monstre vedette, que Barker imagine comme une créature de trois mètres de haut avec un faciès de « viande crue » (d’où son nom de « Raw Head »), devient du coup une sorte d’ogre en latex au masque rigide que l’équipe des effets spéciaux n’a que quatre semaines pour sculpter, mouler et mécaniser. Après le désistement de Peter Mayhew (Chewbacca), aux exigences salariales trop élevées pour la production, c’est un jeune homme inconnu de 19 ans, Heinrich Von Schellendorf, qui endosse la panoplie du démon.

L’écrivain Howard Hallenbeck (David Dukes) passe ses vacances dans la campagne irlandaise avec sa femme Elaine (Kelly Piper) et ses enfants Robbie et Minty (Hugh O’Connor et Cora Venus Lunny). Il profite de ce séjour pour enquêter sur les légendes et les vieux mythes religieux qui font l’objet de son prochain livre. D’où sa visite dans une église rurale où il photographie une série de tombes antiques. Pendant ce temps, trois fermiers tentent de retirer une colonne de pierre qui se dresse sinistrement au milieu d’un champ. Les conséquences de cet acte à priori anodin seront terribles. Après un orage surgi de nulle part, des volutes de fumée se dégagent du sol… Et voilà qu’émerge des entrailles de la terre le Rawhead Rex, un démon d’un autre âge qui s’apprête à multiplier les carnages sanglants dans la lande brumeuse…

Les dents de la terre

Les monstres diaboliques surgis d’ancestrales malédictions sont généralement plus attrayants que les tueurs psychopathes en série devenus monnaie courante depuis le début des années 80. Mais Rawhead Rex se contente de marcher sur la trace des slashers les plus basiques en empruntant gentiment tous les sentiers balisés. Les morts violentes se succèdent donc sans surprise, sans non plus s’embarrasser de définir de claires motivations pour le monstre en question. Celui-ci, dont le look semble combiner le Jupiter de La Colline a des yeux et un Tyrannosaurus Rex – sans doute pour cligner de l’œil vers le titre – est hélas desservi par des gros plans trop longs dévoilant la texture du masque et le mouvement mécanique des yeux. La créature souffre aussi d’une série d’effets optiques grossiers mêlant des éclairs et des rayons lumineux en rotoscopie incrustés sans finesse dans les prises de vue réelles. Un point de départ intéressant, une interprétation correcte et quelques bonnes scènes de suspense (comme le meurtre dans la voiture) sont les seuls atouts du film. C’est un peu court. Distribué dans une poignée de salles de cinéma américaines en avril 1987, Rawhead Rex sera exploité quelques mois plus tard en VHS et Laserdisc. Très déçu par ce film à mille lieues de ses attentes, Barker décide dès lors de se charger lui-même de la transformation de ses textes en films. Hellraiser lui donnera mille fois raison.

 

© Gilles Penso

 

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