VAMPYRES (1974)

Une variante audacieuse sur le mythe de « Carmilla » qui met en scène un couple de femmes vampires insatiables…

VAMPYRES

 

1974 – GB

 

Réalisé par Jose Ramon Larraz

 

Avec Marianne Morris, Anulka Dziubinska, Murray Brown, Brian Deacon, Sally Faulkner, Michael Byrne, Karl Lanchbury

 

THEMA VAMPIRES

Vampyres s’inscrit dans la tradition des femmes vampires lesbiennes héritées de la nouvelle « Carmilla » de Sheridan le Fanu, et dans la droite lignée du fameux Vampire Lovers de la Hammer. Envoûtantes à souhait et peu avares de leurs charmes, Marianne Morris et Anulka Dziubinska incarnent ainsi la brune Fran et la blonde Miriam, un couple de suceuses de sang hantant un vaste château abandonné en pleine campagne anglaise. Errant sur les routes avoisinantes en quête de proies, elles séduisent les automobilistes mâles de passage, les attirent jusqu’à leur repaire, les enivrent grâce à une impressionnante collection de grands crus, les entraînent sous les draps puis les saignent jusqu’à plus soif. Exsangues, les cadavres sont alors abandonnés dans leurs véhicules, comme de vulgaires accidentés de la route. Un soir, l’une des femmes vampires s’éprend d’un des hommes tombés dans ses filets et ne peut se résoudre à le tuer. Les choses se compliquent davantage lorsqu’un jeune couple en vacances installe sa caravane près du château…

A priori, un tel scénario n’aurait pas dépareillé dans un film de Jean Rollin ou de Jess Franco. Mais fort heureusement, derrière la caméra de Vampyres se trouve un auteur/réalisateur fort inspiré, qui pare son film d’une mise en scène raffinée, d’une photographie de toute beauté et d’une direction d’acteurs fort convaincante, trois qualités visiblement héritées des chefs d’œuvre de la Hammer. Les comédiens sont d’ailleurs un élément déterminant de la crédibilité du récit, notamment Murray Brown, dont le flegme et le charisme ne sont pas sans nous rappeler Michael Caine. Évacuant volontairement tout le folklore généralement associé au mythe (les cercueils, les dents pointues, les chauves-souris, l’ail et le pieu), Vampyres n’hésite jamais à mettre l’accent sur l’érotisme, via des séquences de coucherie à deux ou trois sans concessions, et sur l’horreur, à travers quelques meurtres plutôt gratinés. Mais l’œuvre ne bascule jamais dans la vulgarité, empreinte d’une élégance toute britannique.

Les filles de Dracula

Certaines images fort poétiques ponctuent d’ailleurs le récit, comme celle des deux damnées en long manteau noir qui battent la campagne automnale au beau milieu d’un tourbillon de feuilles mortes. A l’avenant, la partition surprend quelque peu, mixant habilement les violons classiques du cinéma d’épouvante post-Psychose et des sonorités plus contemporaines directement empruntées à la pop des années 70. Vampyres demeure ainsi déroutant de bout en bout, d’autant que le dénouement s’amuse à nous faire douter de la véracité des événements auxquels nous avons assisté. Occupant à la fois le poste de réalisateur et d’auteur du script sur le film, José Ramon Larraz crédita pourtant son épouse D. Daubeney comme scénariste au générique. Est-ce pour mieux renforcer l’aspect féministe du récit ? Mystère… Toujours est-il que cette œuvre sulfureuse, sortie aux États-Unis sous le titre trompeur de Daughters of Dracula, fut victime de nombreuses coupes imposées par la censure de l’époque, ce qui explique qu’elle existe dans de nombreuses versions plus ou moins édulcorées.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection


Partagez cet article