FEAR STREET PARTIE 1: 1994 (2021)

Le premier volet d’une trilogie horrifique inspirée d’une série de romans de R.L. Stine, le créateur de la franchise « Chair de poule »

FEAR STREET PART ONE: 1994

 

2021 – USA

 

Réalisé par Leigh Janiak

 

Avec Kiana Madeira, Olivia Scott Welch, Benjamin Flores Jr, Julia Rehwald, Fred Hechinger, Ashley Zukerman, Darrell Britt-Gibson, Maya Hawke, Jordana Spiro

 

THEMA TUEURS I SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA FEAR STREET

Père de la saga littéraire « Chair de poule », l’écrivain R.L. Stine est aussi auteur d’une série de romans d’horreur pour adolescents, « Fear Street », dont le premier tome publié en 1989 lança une saga protéiforme riche d’une cinquantaine de volumes. L’idée de porter cet univers à l’écran germa logiquement à Hollywood jusqu’à ce que le projet atterrisse finalement entre les mains de la scénariste et réalisatrice Leigh Janiak, signataire du thriller d’épouvante Honeymoon et de quelques épisodes de la série Scream. Le principe ne consiste pas à adapter un livre en particulier mais plutôt à capturer l’univers décrit par Stine à travers des intrigues originales réparties sur trois longs-métrages. Fear Street est en effet pensé comme une trilogie, chaque volet se déroulant à une époque différente. Les trois films sont donc tournés dans la foulée, entre mars et septembre 2019, pour une sortie en salles étalée sur trois mois. Covid oblige, c’est Netflix qui aura finalement récupéré les droits de diffusion. À la réflexion, ce n’est pas plus mal. Ce triptyque semble en effet parfaitement formaté pour la politique de cette plateforme de diffusion, tant dans la forme (aucune réelle vision de metteur en scène mais une mise en forme dynamique et immédiatement attrayante) que dans le fond (des personnages exprimant une diversité ostensible à défaut d’être subtile). En définitive, Fear Street se prête bien mieux aux petits écrans qu’aux salles obscures, sa patine cinématographique masquant une réalisation somme toute très télévisuelle.

Comme son titre l’indique, l’action de ce premier volet se situe au milieu des années 90. Nous sommes dans la petite ville de Shadyside, dans l’Ohio, connue pour les nombreux faits divers sordides ayant ensanglanté ses rues depuis le 17ème siècle. La légende raconte qu’une sorcière nommée Sarah Fier jeta une malédiction sur la bourgade, réveillant régulièrement l’instinct meurtrier d’habitants mués subitement en assassins psychopathes. Or un nouveau massacre vient d’être signalé dans une galerie marchande de la ville. Si le jeune Josh est fasciné par cette histoire de malédiction, sa sœur aînée Deena n’y croit pas. Cette dernière est surtout préoccupée par sa rupture récente avec sa petite-amie Samantha, partie se réfugier dans les bras d’un des garçons du lycée. Mais bientôt Deena, Samantha, Josh et deux de leurs amis sont pris en chasse par trois tueurs terrifiants que rien ne semble pouvoir arrêter. La police s’avérant incapable de les stopper, nos adolescents vont devoir compter les uns sur les autres pour survivre…

En équilibre entre l’horreur et la comédie

Dès les premières minutes de Fear Street partie 1, l’influence de Scream saute aux yeux : les situations, les cadrages, les effets sonores et même le costume du tueur nous renvoient au slasher de Wes Craven. Étant donné que ce dernier était lui-même directement influencé par le Halloween de John Carpenter, il nous semble avoir affaire à la photocopie d’une photocopie ! Ce sentiment est accentué par l’accumulation de clins d’œil et de citations destinés aux fans (Poltergeist, Les Dents de la mer, Les Maîtres de l’univers), par des « jump scares » un peu facile (au bout du dixième effet de sursaut, nos sens sont fatalement émoussés) et par des mécanismes narratifs tellement tirés par les cheveux que les scénaristes sont obligés de nous expliquer régulièrement les règles du jeu à travers des tartines de dialogues explicatifs. Pour tempérer un peu ce ressenti, il faut reconnaître que le film est efficace, que les rebondissements inattendus abondent (la scène de l’hôpital en est un bon exemple) et que les séquences de meurtres ne lésinent pas avec la violence graphique. Fear Street s’efforce ainsi de trouver – sans toujours y parvenir – le juste équilibre entre la comédie adolescente et l’horreur brutale. D’où cette bande son un peu maladroite qui enchaîne les bouts de chanson les uns derrière les autres comme si le superviseur musical passait son temps à zapper, ce qui laisse peu de place aux compositeurs Marco Beltrami et Marcus Trumpp pour s’exprimer. L’ombre de Scream finit par s’atténuer progressivement lorsque l’intrigue dépasse le schéma classique du « psycho killer » pour emprunter une voie surnaturelle qui n’est pas sans évoquer l’univers de Stephen King. Le final, très ouvert, invite logiquement les spectateurs à visionner le second opus, situé quant à lui à la fin des années 70.

 

© Gilles Penso

 

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