LA NUIT FANTASTIQUE DES MORTS-VIVANTS (1980)

Une variante « olé olé » sur le mythe du zombie qui n’a rien à voir avec George Romero malgré son titre référentiel

LA NOTTI EROTICHE DEI MORTI VIVENTI

 

1980 – ITALIE

 

Réalisé par Joe d’Amato

 

Avec George Eastman, Laura Gemser, Dirce Funari, Mark Shannon, Lucia Ramirez

 

THEMA ZOMBIES

Spécialisé dans l’horreur qui éclabousse (Anthropophagous, Blue Holocaust) et le cinéma pornographique de bas étage (la série des Black Emanuelle), Joe d’Amato s’est mis en tête de mixer ses deux genres favoris, avec un sens du sensationnalisme et de la promotion hors pair. Le résultat de cet accouplement contre-nature est La Nuit fantastique des morts-vivants, une série Z chaotique qui fleure bon le n’importe quoi. Monté en dépit du bon sens, très mal éclairé, joué avec les pieds, mis en musique façon supermarché, ce monument du mauvais goût n’entretient évidemment aucun rapport avec l’œuvre de George Romero malgré un titre abusivement référentiel. Les protagonistes sont le marin Larry O’Hara (George Eastman, acteur fétiche de d’Amato et scénariste du chef d’œuvre ici présent sous le pseudonyme de Tom Salina), le promoteur américain John Wilson (Mark Shannon) et sa petite amie Luna (Laura Gemser, autre comédienne régulière du cinéaste) qui débarquent sur une île déserte des Caraïbes d’où surgissent bientôt des zombies en quête de chair humaine, encore enveloppés dans leurs suaires…

La première heure du film enchaîne les figures imposées du cinéma porno de la fin des années 70, ne s’interrompant que pour trois dialogues ineptes et deux scènes d’attaques de zombies qui tombent un peu comme des cheveux dans la soupe. Dans la première, un homme se lance dans une petite cérémonie occulte à base de bougies et de statuette, jusqu’à ce qu’un mort-vivant ne se jette sur lui. Dans la seconde, un médecin légiste est attaqué par un cadavre récalcitrant au visage grouillant d’asticots qui lui plante ses crocs dans la gorge. On retrouve là le sens de la finesse de ce bon vieux Joe d’Amato. Le reste du film vaut son pesant d’ennui et de monotonie. Entre deux scènes de fesses, les héros n’en finissent plus de faire des allers-retours en zodiac entre leur voilier et l’île, les zombies en suaire apparaissent timidement au bon vouloir du scénario, un chat noir miaule férocement en gros plan d’une manière lourdement répétitive…

Gâterie sanglante

Vers la fin du métrage, le promoteur est très mollement agressé dans une cabane par les cadavres ambulants. Il en décapite un, dont la tête encore vivace mord avec voracité ses mollets, puis vient se réfugier dans les bras d’une belle inconnue qui lui propose une petite gâterie… et finit par l’émasculer d’un bon coup de dents ! Tout finit par un interminable jeu de cache-cache sur la plage entre le couple survivant et les morts-vivants, jusqu’à ce que l’immolation de la statuette maudite ne mette fin au cauchemar. Pour fêter ça, nos héros copulent béatement au bord de la mer. Mais l’épilogue nous apprend que tout ceci n’était que l’affabulation d’un fou enfermé dans un hôpital psychiatrique… Bref, cette fort dispensable Nuit fantastique des morts-vivants est un joyeux fourre-tout qui n’apporte rien à l’érotisme exotique ni au mythe des zombies. Au hasard des distributions et des ressorties, le film connut des titres aussi variés que Demonia, Le Notti erotiche, Sexy Night of the Living Dead, La Notte Degli Zombies ou encore La Nuit érotique des morts-vivants.

 

© Gilles Penso

 

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