LA VENGEANCE DE FU MANCHU (1967)

Christopher Lee revient sous la peau du maître du crime asiatique, utilisant l’hypnose et la chirurgie esthétique pour étendre son royaume du mal

THE VENGEANCE OF FU MANCHU

 

1967 – GB

 

Réalisé par Jeremy Summers

 

Avec Christopher Lee, Douglas Wilmer, Tsai Chin, Tony Ferrer, Wolfgang Kieling, Susanne Roquette, Horst Frank

 

THEMA SUPER-VILAINS I SAGA FU MANCHU

Fu Manchu nous avait promis qu’on réentendrait parler de lui à la fin des 13 fiancées de Fu Manchu. Il n’avait pas menti ! Le revoilà, dirigé cette fois-ci par Jeremy Summers, dont la carrière s’est surtout concentrée à la télévision entre 1960 et 1998. Cette troisième aventure du maléfique Asiatique fait donc figure d’exception dans la filmographie de Summers, aux côtés de quatre ou cinq obscurs longs métrages. Et de fait, l’inventivité de Don Sharp brille ici par son absence, un sentiment de routine s’installant peu à peu dans cette franchise à bout de souffle. Tourné principalement dans les studios irlandais Ardmore et sur les plateaux de la compagnie hongkongaise Shaw Brothers, La Vengeance de Fu Manchu nous montre le sinistre maître du crime (toujours incarné avec panache par Christopher Lee) se réinstaller dans le village de ses ancêtres, aux côtés de sa fille Lin Tang (Tsai Chin), qui dirige désormais une partie des opérations pour lui. Alors que Fu Manchu planifie encore une machination diabolique, le commissaire Nayland Smith (Douglas Wilmer), figure héroïque de Scotland Yard, se rend à Paris pour inaugurer la création d’Interpol. Cette réunion des polices du monde occidental vise à éradiquer le mal, dont Fu Manchu est le symbole.

Le super-vilain moustachu étant officiellement trépassé, l’enquête en cours se concentre sur un chef du banditisme organisé nommé Rudolph Moss. Cet Américain pur jus, qui arbore fièrement un chapeau de cowboy et distribue des castagnes à tour de bras, est bizarrement interprété par un acteur allemand, en l’occurrence Horst Frank, pour des raisons de co-production germano-britannique. Quand sa blonde maîtresse l’interroge sur ses projets, il répond jovialement : « je vais à l’autre bout du monde pour rencontrer le diable et lui proposer de devenir mon associé », autrement dit devenir le complice de Fu Manchu. Ce dernier, qui a la dent dure contre Nayland Smith, le fait enlever et remplacer par une doublure, dont le visage a entièrement été modifié par l’un des meilleurs chirurgiens du monde, le docteur Lieberson (Wolfgang Kieling). Sous hypnose, ce faux Smith assassine la délicieuse assistante asiatique Jasmine (Mona Chnog) et se retrouve logiquement accusé de meurtre.

Meurtre sous hypnose

Dès lors, le scénario de La Vengeance de Fu Manchu s’appuie sur un suspense faussé. En effet, l’intrigue s’attarde plus que de raison sur le procès et la condamnation de Nayland Smith. Or c’est le sosie qui comparait, qui est emprisonné et qui risque la peine capitale. L’enjeu n’a donc rien de bien palpitant, dans la mesure où le sort de cet avatar hypnotisé nous importe peu. Comme en outre le film s’encombre de péripéties sans envergure, de sous-intrigues inutiles (la maîtresse du gangster qui est employée dans un night-club) et ne nous offre que de molles bagarres en guise de scènes d’action, autant dire que cette Vengeance de Fu Manchu ne suscite que peu d’intérêt. Et lorsque Christopher Lee déclame en fin de métrage sa traditionnelle réplique « bientôt, le monde entendra parler de moi de nouveau », alors que sa forteresse vient de partir en fumée, les spectateurs appréhendent les futurs épisodes sans enthousiasme particulier. La suite leur donnera raison.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection


Partagez cet article