LE DERNIER RIVAGE (1959)

Stanley Kramer décrit les conséquences d’un monde ravagé par une guerre nucléaire ayant anéanti la majorité de la population…

ON THE BEACH

 

1959 – USA

 

Réalisé par Stanley Kramer

 

Avec Gregory Peck, Ava Gardner, Fred Astaire, Anthony Perkins, Donna Anderson, John Tate, Harp McGuire, Lola Brooks

 

THEMA POLITIQUE FICTION

Nous sommes en 1964, autrement dit dans le futur – car rien n’est plus relatif que le futur, surtout au royaume de la science-fiction. La guerre nucléaire tant redoutée a finalement eu lieu. Personne ne sait trop comment elle a commencé, mais les conséquences sont catastrophiques. La totalité de la population a été anéantie, sauf sur le continent Australien. Mais pour les survivants, ce n’est qu’un sursis, car le nuage radioactif avance à grands pas et ne tardera pas à éradiquer le semblant de vie qui résiste encore. Pour mesurer le niveau de radiations sur terre et évaluer la date fatidique au-delà de laquelle tout espoir sera perdu, le capitaine Dwight Little (Gregory Peck) part en mission à bord du sous-marin Sawfish. Il est notamment épaulé par le professeur Julian Osborne (Fred Astaire, dans son premier film non musical) et par le lieutenant Peter Holmes (Anthony Perkins, un an avant Psychose). Avant que le submersible ne quitte le port, chacun s’efforce de profiter comme il peut de ses derniers instants de bonheur. A l’instar du roman de Nevil Shute dont il s’inspire (publié en 1957), Stanley Kramer opte pour un parti pris très réaliste.

Dans sa première partie, le ton du Dernier Rivage s’annonce bizarrement léger, les protagonistes n’ayant pas l’air excessivement traumatisés par leur situation post-apocalyptique. La musique est guillerette, les membres des clubs huppés sont principalement préoccupés à l’idée de ne pas avoir le temps de boire tous les grands crus de leur cave avant la fin du monde, et le professeur Osborne déclare même « on dirait un film français » en voyant le commandant Little chahuter sur la plage avec la belle Moira dont il s’est épris (Ava Gardner). Mais la légèreté n’est qu’apparente, et certains ne pensent bientôt plus qu’à une chose : comment se procurer ces fameuses pilules qui promettent une mort douce et euphorique quand le moment sera venu ? Osborne, lui, est prêt à mourir au volant d’une Ferrari qu’il a achetée une bouchée de pain. Quant à Moira, elle constate avec amertume qu’elle n’a « pas le temps d’aimer, de créer des souvenirs », n’osant arracher l’homme qu’elle aime au deuil de sa femme et de ses enfants, morts en Amérique suite aux multiples explosions nucléaires.

Une lueur d’espoir ?

Lorsque le Sawfish s’enfonce sous les eaux en direction de San Francisco et San Diego, une lueur d’espoir brille bientôt, car un message morse est capté sans discontinuité par les membres de l’équipage. La révélation de l’origine de ce message mystérieux est une extraordinaire trouvaille, dérisoire et désespérée, à l’instar du film tout entier qui bascule progressivement dans la mélancolie, tandis que les plus démunis se réfugient tardivement dans la religion (face à une grande banderole annonçant « Il est encore temps, mes frères »), à moins qu’ils n’orchestrent discrètement leur suicide pour ne pas faire face à la mort lente promise par les radiations. Les dernières images du film sont celles des grandes rues désertées de Melbourne, faisant écho à l’une des répliques de Fred Astaire : « Qui aurait pu croire l’homme assez stupide pour se rayer lui-même de la carte du monde ? ».

 

© Gilles Penso

 

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