Dans sa première partie, le ton du Dernier Rivage s’annonce bizarrement léger, les protagonistes n’ayant pas l’air excessivement traumatisés par leur situation post-apocalyptique. La musique est guillerette, les membres des clubs huppés sont principalement préoccupés à l’idée de ne pas avoir le temps de boire tous les grands crus de leur cave avant la fin du monde, et le professeur Osborne déclare même « on dirait un film français » en voyant le commandant Little chahuter sur la plage avec la belle Moira dont il s’est épris (Ava Gardner). Mais la légèreté n’est qu’apparente, et certains ne pensent bientôt plus qu’à une chose : comment se procurer ces fameuses pilules qui promettent une mort douce et euphorique quand le moment sera venu ? Osborne, lui, est prêt à mourir au volant d’une Ferrari qu’il a achetée une bouchée de pain. Quant à Moira, elle constate avec amertume qu’elle n’a « pas le temps d’aimer, de créer des souvenirs », n’osant arracher l’homme qu’elle aime au deuil de sa femme et de ses enfants, morts en Amérique suite aux multiples explosions nucléaires.