LE VOLEUR DE BAGDAD (1978)

Une relecture franco-anglaise du célèbre conte oriental ornée d’un casting international prestigieux…

THE THIEF OF BAGDAD

 

1978 – GB / FRANCE

 

Réalisé par Clive Donner

 

Avec Kabir Bedi, Roddy McDowall, Terence Stamp, Peter Ustinov, Pavla Ustinov, Daniel Emilfork, Ian Holm, Marina Vlady

 

THEMA MILLE ET UNE NUITS

C’est en 1924 que naît le mythe du Voleur de Bagdad, à travers un somptueux long-métrage de Raoul Walsh dont le scénario (co-écrit par Douglas Fairbanks et James T. O’Donohoe) se réapproprie l’imagerie et l’esprit des contes des Mille et une nuits pour inventer de toutes pièces un récit fabuleux et ses personnages. Depuis, l’histoire a été réadaptée avec panache en 1940 sous la houlette des frères Korda, puis en 1960 dans une version italo-française sous forte influence de la vogue alors croissante du péplum. Une nouvelle relecture franco-britannique, conçue en pleine période disco, avait-elle une raison d’être particulière ? Et surtout, qu’allait-elle pouvoir apporter de plus à une fable déjà largement exploitée sur grand écran ? Comme on pouvait le prévoir, ce Voleur de Bagdad cru 1978 pâlit de la comparaison avec ses illustres aînés, le réalisateur Clive Donner (plutôt habitué jusqu’alors aux comédies comme Quoi de neuf Pussycat ? ou Les Temps sont durs pour Dracula) n’ayant visiblement pas la carrure ou les affinités nécessaires pour conférer au film toute la magie et l’ampleur qu’il mérite. Ce nouveau remake vaut donc surtout pour son casting prestigieux qui permet à des visages familiers venus des quatre coins du monde de se donner la réplique dans des costumes bouffants conçus par John Bloomfield (qui allait plus tard œuvrer sur Conan le barbare, Robin des Bois prince des voleurs ou La Momie de Stephen Sommers, pour n’en citer qu’une poignée).

 

Rédigé à quatre mains par Andrew Birkin et A.J. Carothers, le scénario s’inspire très largement de celui de la version de 1940, dont il reprend les grandes lignes et les personnages principaux en les dotant pour la plupart de nouveaux noms. Afin de solliciter la main de la princesse Yasmine (Pavla Ustinov), le prince Taj (Kabir Bedi), héritier du royaume de Sakhar, se rend à Bagdad. En chemin, il est attaqué par les sbires du grand vizir Jaudur (Terence Stamp) mais parvient à s’en sortir sain et sauf. Il arrive tant bien que mal jusqu’à Bagdad où il erre, famélique, avant de rencontrer le magicien Hassan (Roddy McDowall) qui le sauve des griffes de la police locale. Avec son aide, Taj entre dans le palais et sa belle prestance touche la princesse. Mais Jaudur, qui s’est autoproclamé roi de Sakar, arrive sur un tapis volant et l’accuse d’imposture. Sur les conseils de la dame de compagnie de la princesse, le Calife de Bagdad (Peter Ustinov), totalement dépassé par ces événements, ordonne à tous les prétendants de sa fille de ramener l’objet le plus précieux du monde…

 

Têtes d'affiche

Kabir Bedi (que les téléspectateurs orientaux avaient découverts dans la série d’aventure Sandokan) est sans conteste l’un des meilleurs atouts du film. Son charme oriental et son charisme permettent même au personnage de gagner en épaisseur par rapport à John Justin, son modèle de 1940, qui crevait moins l’écran que lui et restait en retrait derrière la prestance de Sabu. Ce dernier est ici remplacé par Roddy McDowall, toujours savoureux mais visiblement peu concerné par son rôle de faire-valoir comique. On apprécie plus la présence de Peter Ustinov en Calife à l’autorité sans cesse bafouée, de sa propre fille Pavla Ustinov dans le rôle de la princesse, de Terence Stamp toujours très convaincant en méchant (même si Conrad Veidt s’avérait plus mémorable et plus inquiétant) ou encore de Marina Vlady en Dame Pélissada. Les Trekkies apercevront peut-être en arrière-plan Marina Sirtis, future Deanna Troi de la série Star Trek la nouvelle génération. Dans son premier rôle à l’écran, elle joue ici l’une des filles du harem. Quant au Génie, il est incarné par l’incroyable Daniel Emilfork, dont le visage se passe de tout maquillage pour nous faire croire à l’incroyable. C’est d’ailleurs la seule incursion fantastique digne de ce nom. Pour le reste, nous n’avons droit qu’à des tapis volants aux incrustations douteuses, à une grotte truffée de lumières et de fumées et à un combat frustrant contre l’ombre d’un volatile géant. Distribué en salles en Europe et un peu partout dans le monde, ce Voleur de Bagdad fut en revanche directement diffusé sur les petits écrans aux États-Unis, où il est de fait considéré comme un téléfilm.

 

© Gilles Penso

 

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